Le bébé dinosaure Partie 1 : le petit dinosaure
Isabelle est une petite fille de cinq ans et demi. Elle va en troisième maternelle à l'école du village. Ses parents lui coiffent ses longs cheveux blonds en deux jolies tresses. Elle porte très souvent une salopette bleue ou jaune et des baskets.
Hier, elle était allée visiter le musée des Sciences Naturelles avec ses trois grands frères, Bertrand, 19 ans, Benoît, 13 ans et Benjamin, sept ans et demi, celui qui partage la chambre avec sa sœur.
Hier donc, notre amie avait été très impressionnée par les grands dinosaures qu'elle avait pu observer.
Aujourd'hui, samedi après-midi, elle sortit au jardin. Elle se glissa sous la barrière (elle ne sait pas l'ouvrir), puis elle traversa le terrain vague fleuri. Elle arriva près de la petite rivière.
Elle joua un moment les pieds dans l'eau. Puis elle tâcha de trouver quelques myrtilles dans le bois de sapins. Elle s'avança lentement vers le petit pont de bois qui porte le chemin qui entre dans la forêt.
En dessous du pont, dans l'ombre, elle aperçut quelque chose qui bougeait, un animal sans doute. D'abord, elle pensa à un chien ou un chat, peut-être même un renard. Mais en regardant mieux, elle vit un petit dinosaure.
Comment est-ce possible? se dit-elle.
Au musée, on lui avait expliqué que ces animaux ont disparu depuis 65 millions d'années. C'était étrange d'en découvrir un.
Et puis, était-il méchant ou gentil? Isabelle n'en savait trop rien.
Elle s'en approcha quand même parce qu'elle est très curieuse.
- Bonjour, fit-elle timidement.
- Bonjour, répondit l'animal.
- Que fais-tu là, en dessous du pont? demanda Isabelle.
- Je cherche à manger.
- Veux-tu que je t'apporte quelque chose?
- Avec plaisir! Merci beaucoup, parce que j'ai très faim, répondit le dinosaure.
- Attends-moi, fit la fillette en souriant. Je vais arriver.
Notre amie s'éloigna rapidement et retourna à la maison.
Que pourrais-je lui apporter? songeait Isabelle en courant.
Elle entra dans la cuisine et ouvrit le frigo. Elle vit un gros poulet, mais elle n'osa pas le prendre. C'était peut-être pour le repas du soir.
- Maman!
- Oui, ma chérie.
- Tu veux bien me donner un peu de mon argent? Je voudrais aller acheter quelque chose au magasin.
Isabelle reçoit parfois des pièces ou un billet, mais elle ne peut pas les garder. Elle doit les mettre dans une boîte. Ses parents lui ont expliqué que, quand elle sera plus grande et qu'elle saura bien compter, elle pourra tenir son argent elle-même, comme ses grands frères.
Maman lui donna quatre pièces.
Notre amie courut au magasin et posa l'argent sur le comptoir.
- Bonjour, madame. Je voudrais avoir du poulet, s'il vous plaît.
La dame lui remit un paquet.
Du magasin, elle se rendit au pont de bois. Le petit dinosaure attendait.
- Voilà, tu peux manger, annonça notre amie avec un grand sourire. Je t'ai apporté du poulet.
- Du poulet? Mais moi, je ne mange pas du poulet. Je ne suis pas un carnivore. Je suis herbivore.
- Ça veut dire quoi? demanda Isabelle.
- Ça veut dire, expliqua le dinosaure, que moi, je ne mange pas du poulet.
- Tu n'aimes pas ça?
- Je suis un herbivore, répéta l'animal. Je mange des herbes, de la salade, des pissenlits. Surtout des pissenlits. C'est ce que je préfère. Apporte-moi des pissenlits, sinon je te prends et je t'accroche tout en haut de cet arbre que tu vois là. Et tu ne pourras plus jamais en redescendre.
-Non, non, je ne veux pas, s'inquiéta notre amie. Reste gentil! Je sais où trouver des délicieux pissenlits. Je vais aller te les chercher.
- Bien, mais dépêche-toi, insista le dinosaure. Et gare à toi si tu te trompes.
Isabelle courut jusqu'au milieu du village, à sa petite école. Elle sait bien qu'en dessous des marronniers de la cour de récré, poussent des magnifiques pissenlits, les plus beaux qu'elle ait jamais vus.
Elle se pencha et regarda sous les grands arbres, mais elle ne vit que des pâquerettes.
Que faire? La fillette n'osait pas retourner près du dinosaure. Il allait la prendre et la placer tout en haut de l'arbre. Elle ne pourrait plus en redescendre.
Et elle se mit à pleurer. Ses larmes coulaient sur ses joues et tombaient sur le sol.
Un ver de terre sortit d'un petit trou.
- Tiens, il pleut, observa l'animal.
- Non, répondit Isabelle. Il ne pleut pas.
- Mais, je sens des gouttes.
- Ce sont mes larmes.
- Pourquoi pleures-tu? demanda le ver de terre.
- Je pleure, parce que j'ai très peur d'un dinosaure. Il semblait gentil, mais il n'est pas si aimable que ça. Il veut que je lui apporte des pissenlits. Je croyais en trouver ici mais il n'y en a plus. Je suis bien malheureuse. Tu peux m'aider à en chercher, s'il te plaît?
- Je n'ai pas le temps, expliqua le ver de terre. Je suis d'ailleurs trop fatigué. Tu sais, je travaille beaucoup. Je creuse des trous dans la terre à la recherche de ma nourriture. Je crée des petits tunnels partout. Mais attends, je vais appeler ma maman. Elle aura peut-être une bonne idée.
Le ver de terre alla chercher sa mère. Elle sortit de terre et consola Isabelle.
- Ne pleure pas, petite fille. Je sais où tu peux trouver des pissenlits. Prends le chemin là-bas, celui qui longe le mur du cimetière. Il conduit dans le bois. Là, tu apercevras une petite grotte sur la gauche. Tu y trouveras les meilleurs pissenlits de toute la forêt.
- Merci, madame ver de terre, répondit notre amie. Vous êtes très gentille.
Isabelle repartit vers le bois en suivant le chemin qu'on lui avait indiqué. Elle aperçut la grotte et y découvrit les plus beaux pissenlits qu'elle ait jamais vus. Elle se mit à quatre pattes pour les cueillir.
Tout à coup, arrachant une grosse motte de terre, elle vit quelque chose de dur et de blanc, juste en dessous.
- Tiens, on dirait un os, dit-elle.
Elle continua à creuser pour le déterrer. Il était grand. Elle en vit d'autres. Elle laissa tout là. Elle prit les pissenlits et retourna près du petit dinosaure.
- Tiens, je t'apporte de beaux pissenlits.
- Merci, répondit l'animal. Ils sont délicieux. Je suis très content. Je n'en ai jamais mangé d'aussi bons.
- Tu veux bien m'accompagner jusqu'à la grotte? demanda Isabelle. J'y ai vu des os.
-Je sais. Ce sont des squelettes de dinosaures. Des grands dinosaures. Ils sont morts depuis 65 millions d'années. Va les ramasser si tu veux. Moi, je pars. Mais auparavant, je t'offre l'un de mes œufs. Comme cela, tu auras un souvenir de moi.
Notre amie prit l'œuf entre ses mains.
- Fais attention de ne pas le laisser tomber.
- Merci, dit la fillette avec un beau sourire.
Elle retourna vers la maison, toute contente d'emporter son précieux trésor.
De retour chez elle, elle appela papa, maman et ses trois grands frères, Bertrand, Benoît et Benjamin.
- Regardez, cria-t-elle. J'ai rencontré un petit dinosaure. Et il m'a offert un œuf.
Personne ne voulait croire que c'était celui d'un dinosaure et qu'Isabelle avait rencontré un animal aussi ancien et qui n'existe plus depuis très longtemps sur Terre. Mais lorsque Benoît interrogea son ordinateur et montra leurs œufs d'autrefois, tout à fait semblables à celui de la petite sœur, tous furent obligés d'admettre que notre amie disait la vérité.
- Il m'a dit qu'il y a plein d'os très anciens dans une grotte pas loin d'ici, dit-elle. Si on allait les chercher?
Accompagnée par papa, maman et ses trois grands frères, Isabelle repartit vers la caverne. Ils emportaient des grands sacs et des pelles. Ils creusèrent le sable et la terre et découvrirent une belle quantité de grands et de petits os.
Au retour à la maison, maman sortit la voiture du garage pour faire de la place. Puis ils y rangèrent les os les uns à côté des autres, par ordre de taille décroissant.
- J'aimerais bien coller tous ces os entre eux. On pourrait créer un immense dinosaure, dit Isabelle.
- Pas ce soir, ordonna papa. Va te laver les mains, on passe à table. Ensuite, tu prendras ta douche et tu iras dormir. Tu t'occuperas de ces os demain, avec tes frères.
Isabelle mit sa robe de nuit blanche avec de petites fleurs bleues. Elle se coucha après s'être brossé les dents. Papa et maman vinrent l'embrasser.
Un peu plus tard, Benjamin entra dans la chambre à son tour et s'étendit sur le lit supérieur. Tout le monde s'endormit dans la maison.
Isabelle ouvrit les yeux. Elle avait cru entendre un bruit, en bas. Très intriguée, elle se demandait si les os de dinosaures se trouvaient toujours bien à leur place au garage. Il était deux heures du matin, mais elle ne le savait pas.
Elle descendit l'escalier pieds nus et entra dans le garage. Oui, tous les os reposaient bien rangés, du plus grand au plus petit.
La fillette aperçut le pot de colle, ainsi qu'un pinceau, sur une étagère. Elle choisit les os un à un et entreprit de les articuler les uns aux autres. Elle fabriqua un immense dinosaure, aussi grand que le garage et même encore plus grand, car il devait courber la tête.
Tout à coup, ce grand animal se mit à parler.
- Alors, petite fille, tu termines?
- Mon Dieu, s'effraya Isabelle. Tu me fais peur.
- Tu ne dois pas avoir peur de moi, rassura l'animal, mais regarde, j'ai très faim. Je suis maigre comme un squelette. Va me chercher à manger.
-Je vais t'apporter des pissenlits, des beaux, promit notre amie.
- Des pissenlits! Tu te moques de moi? Tu ne vois pas mes longues dents? Je ne suis pas un herbivore qui avale des petites herbes ou des pissenlits ou de la salade, moi. Je suis un carnivore. Je mange de la viande.
- Tu veux que je t'apporte du poulet? Il en reste un peu dans le frigo.
- Un restant de poulet? Pas question! Je vais te manger toi. Ou bien alors, je me souviens de tes grands frères qui ramassaient mes os avec toi. Va réveiller l'un d'entre eux et apporte-le-moi, sinon, c'est toi que je mange. Va le chercher, je l'avalerai tout cru.
Notre amie tremblait de peur.
Elle recula, mais se prit les jambes dans un vieux pneu qui traînait au sol et se retrouva par terre... sur son tapis, dans sa chambre. Elle était tombée du lit. Peu à peu, elle se rendit compte qu'elle venait de faire un horrible cauchemar.
Elle courut vite à la chambre de ses parents. Elle raconta son affreux rêve. Papa prit sa petite fille dans les bras. Ils descendirent ensemble jusqu'au garage. Les os de dinosaures étaient bien rangés, du plus grand au plus petit, les uns à côté des autres. Isabelle se rassura.
Le lendemain, ils conduisirent ensemble tous les os au musée des Sciences Naturelles où on les y exposa.
Tu peux aller les voir si tu veux.
Il ne resta à la maison que l'œuf qu'Isabelle avait reçu du petit dinosaure. Elle refusait de s'en séparer.
Hélas, pour qu'il se développe, il faut en principe la présence d'une maman qui le couve. Or, il n'y a plus de maman dinosaure depuis des millions d'années...
Isabelle conserve son œuf en souvenir de sa curieuse rencontre avec le petit dinosaure.
Pourtant, un jour...
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Conte créé en collaboration avec une classe de troisième maternelle et leur institutrice.
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