Saint Nicolas
Magali voulait envoyer une lettre à Saint Nicolas. Comme elle n'a que quatre ans et demi, elle ne sait pas encore écrire. Elle demanda à son père de l'aider. Papa prit une belle feuille de papier blanc et dévissa le capuchon de son stylo en or.
-Que veux-tu que j'écrive, ma chérie ?
-Cher Saint Nicolas, répondit la petite fille.
Cher Saint Nicolas.
-Et ensuite ?
-Papa et maman disent que je suis très sage. Je suis bien sage, n'est-ce pas papa…
-Oui, tu es bien sage.
Papa et maman disent que je suis bien sage.
-Et après, qu'est-ce que j'écris ?
-Je voudrais que tu m'apportes un cadeau.
Je voudrais que tu m'apportes un cadeau.
-J'aimerais que ce soit une poupée, une poupée garçon.
J'aimerais que ce soit une poupée garçon.
-C'est tout?
-Non. Quand tu viendras, Saint Nicolas, tu peux reprendre mon petit frère Julien. Je ne le veux plus.
- Ma chérie, dit Papa, tu veux vraiment demander ça à Saint Nicolas ? Tu souhaites vraiment qu'il emporte bébé Julien avec lui quand il viendra ?
-Oui, Papa. Je ne l'aime plus. Il prend toutes mes affaires. Il casse mes jouets. Il tire mes cheveux. Et il crie trop fort.
-Bien, comme tu souhaites.
Quand tu viendras, Saint Nicolas, tu peux reprendre mon petit frère. Je ne le veux plus. Je ne l'aime plus. Il prend toutes mes affaires. Il casse mes jouets. Il tire mes cheveux. Et il crie trop fort.
-C'est tout?
-Oui. Merci beaucoup. Je t'embrasse. Magali.
Merci beaucoup. Je t'embrasse. Magali.
Papa plia la lettre en quatre et la glissa dans une enveloppe qu'il colla. Puis il écrivit : Pour Saint Nicolas.
Notre amie partit jouer au jardin. Elle était très contente.
Quelques jours plus tard, c'était la fameuse nuit où Saint Nicolas passe dans les maisons.
Magali se réveilla très tôt au matin. On n'entendait rien, tout était silencieux. Elle s'assit dans son lit et regarda partout, sur sa table, sa chaise, sur le tapis... Elle fut bien étonnée de ne découvrir aucun cadeau.
Peut-être qu'ils sont en bas, au salon, près de la cheminée, songea notre amie.
Magali descendit l'escalier, pieds nus, dans sa robe de nuit rose avec des petits rubans. Elle traversa le salon et la salle à manger, regarda dans les fauteuils et sur le divan, mais elle ne vit aucun cadeau. Rien, absolument rien.
-Pourquoi Saint Nicolas va-t-il chez tous les enfants et pas chez moi ? s'inquiéta notre amie. Ou bien il est trop tôt… Il n'a peut-être pas encore eu le temps de venir. Je vais aller voir dans la chambre de Julien. S'il est encore là, c'est que Saint Nicolas n'est pas encore venu.
Magali remonta l'escalier, passa sans s'arrêter devant sa chambre et ouvrit la porte de celle de son petit frère. Elle s'approcha du lit à barreaux. Le bébé n'était plus là!
À sa place se trouvait un grand paquet avec un emballage cadeau.
Notre amie le saisit à deux mains et le posa sur le sol. Elle arracha la ficelle, déchira le papier et leva le couvercle de la boîte.
-Ma poupée garçon ! Je suis contente ! Merci Saint Nicolas !
Puis elle regarda le lit vide.
-Julien n'est plus là… Saint Nicolas l'a emmené… Je n'aurais pas dû lui demander cela… Je l'aimais quand même mon petit frère. Et que vont dire papa et maman… Ils seront sûrement fâchés.
Magali sentit des larmes monter à ses yeux. Elle serra sa poupée garçon et sortit de la chambre de Julien. Elle entra dans la sienne et se mit à pleurer, couchée à plat ventre sur le tapis en serrant sa poupée contre elle.
Tout à coup elle entendit un bruit. Cela venait d'en bas. Elle écouta et crut reconnaître les pleurs de son petit frère.
Il n'est peut-être pas trop tard, se dit-elle.
Elle se leva, courut à la porte, l'ouvrit et descendit l'escalier à toute vitesse. Elle arriva au salon et s'arrêta en poussant un oh !
Saint Nicolas était là, assis dans le fauteuil à côté de la cheminée. Le bébé Julien pleurait sur ses genoux. Notre amie fit un pas timide en avant. Le grand Saint se tourna et la vit.
-Bonjour Saint Nicolas.
-Bonjour petite fille, comment t'appelles-tu ?
-Magali.
-Où habites-tu ?
-Ici, c'est la maison de mes parents.
-Tu es contente de ta poupée garçon ?
-Oui, Saint Nicolas, mais…
-Mais quoi ? Quelque chose ne va pas ?
-Il ne faut pas prendre mon petit frère avec toi.
-Tu ne veux plus que j'emporte le bébé ? J'ai pourtant reçu une lettre où tu me dis que tu ne l'aimes plus.
Saint Nicolas alla dans sa poche et sortit la lettre.
-Cher Saint Nicolas. Papa et maman disent que je suis bien sage. Je voudrais que tu m'apportes un cadeau. J'aimerais que ce soit une poupée garçon. Quand tu viendras, Saint Nicolas, tu peux reprendre mon petit frère. Je ne le veux plus. Je ne l'aime plus. Il prend toutes mes affaires. Il casse mes jouets. Il tire mes cheveux. Et il crie trop fort. Merci beaucoup. Je t'embrasse. Magali.
-J'ai réfléchi, Saint Nicolas, j'aime quand même mon petit frère. Ne l'emmène pas avec toi.
-Comme tu souhaites. Je te le rends si tu le veux. Mais il va prendre tes affaires…
-Ce n'est pas grave. Je suis sa grande sœur, je peux bien partager avec lui. Et puis quand il dormira, je reprendrai mes jouets.
-Oui, mais il va casser tes jeux, c'est un bébé, il ne comprend pas.
-Je t'en demanderai des nouveaux, Saint Nicolas, répondit Magali avec un grand sourire.
-Il va tirer tes cheveux…
-Maman m'a dit qu'il fait cela parce qu'il m'aime bien.
-Parfois il criera très fort, et tu n'aimes pas ça…
-Je poserai mes mains sur mes oreilles, ainsi je ne l'entendrai pas.
-Très bien, Magali. Si tu es bien décidée à le garder, je te le rends.
Saint Nicolas posa doucement le bébé dans les bras de notre amie. Julien cessa aussitôt de pleurer.
-Tu vois comme il t'aime, ton petit frère. Il ne pleure plus dans tes bras.
Magali souriait.
-Je dois te rendre la poupée garçon, Saint Nicolas ?
-Non, tu peux la garder. Tu es une bonne grande sœur. Et maintenant, écoute-moi bien, je vais te dire un secret. Tu es le plus beau cadeau qui existe pour ton petit frère. Avoir une grande sœur ou un grand frère, c'est merveilleux pour un bébé, et c'est pour toute sa vie.
-Merci Saint Nicolas, murmura Magali.
Notre amie s'éloigna en portant Julien et la poupée dans ses bras.
Se retournant, elle vit Saint Nicolas marcher vers la cheminée.
Elle remonta l'escalier, entra dans sa chambre et posa son petit frère endormi à présent sur son lit à elle. Elle lui donna un bisou.
Puis elle joua avec sa poupée garçon sur le tapis.
Soudain, elle entendit un peu de bruit dans la chambre des parents. Ils devaient s'être réveillés à présent, se dit-elle. Elle frappa à leur porte et entra.
-Papa, maman, regardez ! Saint Nicolas m'a apporté une belle poupée.
-Elle est magnifique, félicita maman.
-Et Saint Nicolas a emporté le bébé ? demanda papa.
-Non, répondit notre amie. Je l'ai vu au salon et je lui ai demandé de me le rendre.
-Mais Julien va prendre tes jouets, fit remarquer maman.
-Oui, mais je suis sa grande sœur, je peux bien les lui prêter.
-C'est encore un bébé, Magali, il risque de te les casser, dit papa.
-J'en demanderai des nouveaux à Saint Nicolas, répondit la petite fille en souriant.
-Et s'il tire tes cheveux…
-Maman m'a expliqué qu'il fait cela parce qu'il m'aime bien.
-Parfois tu l'entendras crier très fort, ma chérie.
-Alors je mettrai mes mains sur mes oreilles.
-Tu es une bonne grande sœur, conclut Papa.
-C'est ce que Saint Nicolas m'a dit, expliqua Magali. Il m'a dit que je suis le plus beau cadeau qui existe pour mon petit frère.
Papa et Maman serrèrent leur petite fille dans leurs bras. Et Magali souriait.