Jésus
- Magali... Magali...
Magali s'éveilla. Elle se demanda si elle rêvait. L'avait-on appelée ?
Elle s'assit dans son lit, et elle réfléchit. Ce n'était pas la voix de papa ni de maman, ni celle de son grand frère Arnaud. Ça ne pouvait pas être le bébé Julien non plus, il est trop petit et ne sait pas encore parler.
- Magali... Magali...
Elle se leva et s'avança vers la fenêtre. La nuit était belle et le ciel noir rempli d'étoiles.
Elle remarqua un léger brouillard bleu. D'où venait cette étrange lumière ? Baissant les yeux vers le jardin, notre amie aperçut trois de ses grands amis : le gentil lapin, la jolie pie et l'écureuil aux yeux très doux.
- Vous m'appelez ?
- Oui, répondit le gentil lapin. Nous sommes venus te chercher.
- Pourquoi ? demanda Magali.
- Viens avec nous, dit la jolie pie. Un bébé pleure, là-bas, près du ruisseau, à l'entrée de la forêt. Il est tout seul.
- C'est loin ?
- Non, assura l'écureuil aux yeux très doux. Il se trouve dans une cabane en bois, juste après le champ de blé. Si tu veux, nous t'accompagnons.
Notre amie ôta sa robe de nuit rose avec des petits rubans et s'habilla. Elle mit son t-shirt blanc, sa salopette rouge et ses tennis. Il ne faisait pas froid du tout. Elle sortit doucement de sa chambre et descendit sans bruit l'escalier pour ne pas réveiller Julien. Elle ouvrit la porte du jardin.
- Quel étrange brouillard bleu! dit Magali. C'est beau...
Elle regarda partout, mais elle ne découvrit pas d'où cela venait, à cause du brouillard... Elle se dirigea vers le fond du jardin en compagnie du gentil lapin, de la jolie pie et de l'écureuil aux yeux très doux.
La fillette ouvrit la barrière et entra dans le champ de blé.
- Est-ce encore loin ? demanda notre amie.
- Non, répondit le gentil lapin, on te conduit près de la rivière.
Magali traversa les blés et s'approcha d'une cabane en bois, en marchant dans le brouillard bleu. Il semblait plus lumineux à cet endroit. Elle observa le toit couvert de feuilles mortes et les murs de vieilles planches mal rabotées. Elle ne vit pas de porte et la seule fenêtre ne comportait pas de vitre. Le sol était jonché de branches sèches et grises. Il faisait tout noir dans cette cabane, malgré l'étrange lumière bleue qui l'éclairait dans la nuit.
Notre amie hésitait à entrer, mais elle entendit pleurer un bébé. Ça lui donna du courage. Elle s'avança encore et vit un nouveau-né couché par terre sur de la paille.
- Pauvre petit, murmura Magali.
Elle le prit dans les bras et le berça avec tendresse. Le bébé cessa aussitôt de pleurer.
- Que vais-je faire de toi ? se demanda à voix haute notre amie.
Elle réfléchit et songea que la meilleure solution était de l'amener à la maison. Papa et maman sauraient bien s'en occuper.
Magali sortit de la cabane. Le brouillard devenait plus dense et l'étrange lumière bleue éclairait toujours. Mais les trois animaux, les trois compagnons de la petite fille, n'étaient plus là. Le gentil lapin était retourné dans son terrier, la jolie pie avait retrouvé son nid, et l'écureuil aux yeux très doux était remonté dans son arbre.
Notre amie hésita. Elle ne savait pas trop bien où se trouvaient sa maison et ses parents. Elle était entourée de grands arbres et elle eut peur de se perdre. Par où fallait-il aller ? Où se trouvait le champ de blé qu'elle avait traversé en venant ? Tout était silencieux autour d'elle, sauf de temps en temps le cri d'un hibou ou d'une chouette là tout près, dans le bois.
- Je vais m'asseoir dans la cabane, dit la fillette. Le brouillard finira bien par partir.
Elle entra à nouveau dans la petite maison de bois et s'assit sur la paille, en serrant toujours le bébé dans ses bras.
Tout à coup, elle entendit un léger bruit qui venait du fond bien sombre.
Elle écouta et se tourna. Ses yeux s'adaptaient peu à peu à l'obscurité. Elle aperçut une vache !
Non, c'était plus tôt un bœuf! Et à côté se trouvait un âne qu'elle identifia à ses oreilles pointues ! Que faisaient-ils là ?
Au même moment, notre amie perçut des bêlements. Des moutons s'approchaient de la petite étable. Elle en compta douze. Puis elle entendit des voix.
- Jeanne, Jean, venez par ici ! J'ai trouvé une cabane. On va s'y abriter en attendant que le brouillard se lève.
Trois enfants apparurent avec leurs moutons. Magali se leva, en serrant toujours le nouveau-né dans ses bras.
- Bonjour, salua Jean, l'aîné des trois.
- Bonjour, répondit Magali.
- C'est ton petit frère ? demanda Jeanne.
- Non, c'est un bébé que j'ai trouvé ici, couché dans la paille.
- Il est mignon. Je peux le tenir ?
Notre amie confia un instant le petit à la fillette, mais il gigotait beaucoup, alors elle le reprit.
- Quel brouillard dehors ! dit Jean. J'ai bien cru qu'on allait se perdre. Et je me demande d'où vient cette étrange lumière bleue que tu as sans doute remarquée, et qui nous a guidés jusqu'ici.
Les trois bergers s'assirent près de Magali, entourés par les moutons couchés sur la paille.
Notre amie souriait, heureuse de ne plus être toute seule avec le bébé.
Tout à coup, elle entendit d'autres voix, dehors. Un homme et une femme s'approchaient.
- Tu te sens mieux à présent, ma chérie ? dit la voix d'homme.
- Oui, Joseph, ça m'a fait du bien de me rafraîchir un instant au bord du ruisseau.
- Viens, Marie, retournons à la cabane.
L'homme et la femme entrèrent dans la petite étable. Ils semblèrent bien surpris d'y voir tout ce monde.
- Bonsoir, les enfants, dit la dame en souriant.
Elle se tourna vers Magali qui tenait encore le bébé dans ses bras.
- Comment t'appelles-tu, petite fille ?
- Magali, madame.
- Tu portes un bien joli nom! Merci de t'être occupée de mon petit.
- Il pleurait quand je suis arrivée. Comment s'appelle-t-il ?
Toi qui lis ou qui écoutes cette histoire, as-tu deviné le nom du bébé ?
- Il s'appelle Jésus, dit Marie dans un sourire.
- Oh! s'écria notre amie, c'est Jésus !
Magali regarda autour d'elle. Elle vit l'âne et le bœuf, les bergers et leurs moutons, Joseph et Marie. Alors soudain tout s'éclaira dans sa tête et elle comprit.
- Je suis dans la crèche !
Elle rendit Jésus à Marie, puis elle sortit de la cabane. Le brouillard avait disparu. Du coup, en se retournant, elle vit d'où venait l'étrange lumière bleue. L'étoile de Noël brillait au-dessus de l'étable.
Magali retrouva sans difficulté le chemin de sa maison. Et en marchant, elle songea qu’elle était bien chanceuse de rentrer dans sa propre maison et de vivre au milieu de sa famille qu’elle aime.