N°30
Juliette jouait au jardin ce matin-là.
Soudain, elle entendit une petite voix qui l'appelait.
- Juliette, Juliette, viens voir! Mes parents m'ont offert un beau bracelet pour mon anniversaire.
Notre amie se glissa à quatre pattes par un trou dans la haie qui sépare les jardins et les deux copines de trois ans et demi se retrouvèrent avec joie.
Le bracelet était magnifique. Un anneau doré, recouvert de jolies pierres bleues, rouges, vertes et jaunes qui brillaient au soleil.
Une pie s'approcha en sautillant.
Jeanine prit peur. Juliette n'était guère rassurée.
Les pies ont des plumes blanches et noires, où apparaît un beau reflet bleu de chaque côté. Elles aiment ce qui brille et n'hésitent pas à emporter dans leur nid tout ce qu'elles trouvent luisant un peu partout. Une pièce de monnaie sur le trottoir, une boucle d'oreille dans l'herbe d'un jardin, un capuchon doré de stylo dans une cour de récréation...
L'oiseau s'approcha encore.
Les deux amies se levèrent et passèrent dans le jardin de Juliette.
Jeanine ôta son bracelet et le confia à son amie qui le regardait avec admiration et un peu d'envie.
Soudain, le papa de Juliette appela les fillettes.
- Venez prendre votre goûter.
Les deux copines reçurent une banane.
Dans sa précipitation, Juliette avait laissé le bracelet dans l'herbe, au fond du jardin.
Quand elles revinrent le chercher, il n'était plus là!
- La pie l'a pris et l'a emporté dans son arbre, dit Jeanine les larmes aux yeux. Regarde! Je la vois, elle s'envole là-bas, vers la rivière.
- Viens, dit Juliette. Suis-moi. Je sais où se trouve son nid. Allons reprendre ton bracelet.
Les deux amies se précipitèrent dans la prairie derrière les maisons et s'arrêtèrent au pied d'un grand arbre.
Hélas, le nid était situé bien trop haut. Impossible de l'atteindre.
Elles revinrent à la maison de Juliette, qui raconta aussitôt à ses parents le vol de la pie.
La maman de notre amie prit une échelle et se rendit à l'arbre accompagnée par les deux fillettes.
Elle posa l'échelle contre les branches hautes et y monta.
Hélas, le nid était vide...
Juliette appela la pie, qui vint aussitôt.
- Où caches-tu le bracelet de mon amie?
- Je ne le cache pas. Un écureuil vient de me le prendre. Il s'est sauvé vers le bois.
Nos amies ne voulurent pas traverser la rivière et s'avancer sous les grands arbres. Du coup elles appelèrent l'écureuil.
- Que me voulez-vous? demanda-t-il en accourant.
- As-tu encore le bracelet de mon amie? lança Juliette.
- Non, je ne l'ai plus. Je l'avais vu dans le nid de la pie et je le trouvais joli. Je voulais l'offrir à mes petits. J'ai profité de l'absence un instant de cette pie et je l'ai pris. Mais un corbeau m'a attaqué. Il voulait me voler le bracelet. Il l'a emporté avec lui.
Juliette et Jeanine hésitèrent une minute puis se précipitèrent à l'entrée du champ de blé. Elles s'approchèrent du corbeau et l'appelèrent. Il se tourna.
- Qu'as-tu fait du bracelet de mon amie? demanda Juliette.
- Je ne l'ai plus. Il était trop lourd. Il est tombé sur la carapace de la vieille tortue qui se promène près de l'étang.
Les deux amies aperçurent l'animal dans l'herbe. Elles l'appelèrent.
- Vieille tortue! Vieille tortue!
Elle ne répondit pas. Elle s'éloignait doucement vers les roseaux qui poussent le long de l'eau.
- Vieille tortue!
Toujours rien.
- Elle est peut-être sourde, dit Jeanine.
- Vieille tortue! crièrent les deux filles.
- Oui! Que me veut-on?
- As-tu trouvé un bracelet sur ta carapace?
- En effet, répondit la vieille tortue. Un corbeau l'a laissé tomber sur mon dos. Ce bracelet a ensuite glissé dans l'herbe, mais je l'ai laissé par terre. Nous, les tortues, ça ne nous intéresse pas. Je crois qu'un canard de l'étang l'a ramassé et l'a glissé autour de son cou.
Les deux amies coururent jusqu'à l'étang. Elles aperçurent le canard. Il nageait assez loin du bord. Impossible de l'attraper.
Elles retournèrent chez les parents de Juliette et leur expliquèrent toute l'affaire.
La maman eut une très bonne idée. Elle prit du vieux pain et emmena les filles jusqu'au bord de l'étang. Là, à tour de rôle, elles commencèrent par jeter des vieilles croûtes aux canards. Ils s'approchaient de plus en plus pour les manger .
- Lancez quelques morceaux de pain sur l'herbe, les filles, dit la maman. Le canard sortira de l'eau et ainsi je pourrai l'attraper.
Le canard, en effet, finit par sortir de l'étang.
La maman le saisit fermement, mais sans lui faire mal et lui ôta le bracelet qu'il avait glissé autour de son cou. Elle le rendit à Jeanine.
- Retournons, à présent, les filles. Et à l'avenir, Jeanine, garde bien ton bracelet autour de ton poignet.
Les deux amies se retrouvèrent au jardin et y jouèrent un long moment très heureuses.