N°28
Le soleil illuminait les prés et les arbres de la forêt ce matin-là. Les oiseaux chantaient.
Juliette, trois ans et demi, accompagnait son papa à la recherche de myrtilles. Elle adore ces petits fruits violets. Elle en cueillait ici et là et les mangeait un à un.
De l’autre main, elle serrait contre elle sa poupée, Lulu, qu’elle emportait pour la balade.
Pas facile d’attraper ces petits fruits avec une seule main!
Donc elle posa sa poupée au pied d’un arbre et continua la cueillette à deux mains.
Puis papa annonça qu’on retournait à la maison. Notre amie lui donna la main et ils sortirent de la forêt en chantant.
- Promenons-nous dans les bois, tant que le loup n’y est pas.
Si le loup y était, il nous mangerait.
Mais comme il n’y est pas, il ne nous mangera pas.
Mais Juliette venait d’oublier Lulu contre le tronc d’arbre, dans le bois. Elle s’en aperçut en arrivant à la maison.
Elle fondit en larmes. Papa promit de retourner la chercher ensemble cet après-midi.
Ils repartirent tous deux après le repas. Notre amie se sentait inquiète. Sa poupée serait-elle encore là, au pied de l’arbre?
Ils passèrent dans le bois. Ils retrouvèrent l’endroit où ils avaient cueilli les myrtilles. Mais Juliette ne savait plus sous quel arbre attendait Lulu.
Elle chercha ici puis là, à gauche, à droite, sans succès.
Soudain, elle rencontra un petit faon couché près de sa mère, tous deux dans un rayon de soleil. Elle l’interrogea.
- Petit faon! Sais-tu où se trouve ma poupée?
- Je l’ignore, répondit le gentil petit animal. Je dormais près de ma maman et je n’ai rien vu.
Juste à ce moment, passa un renard.
- Renard, renard, appela Juliette, n’as-tu pas aperçu une poupée en te promenant sous les arbres?
- Non, répondit le renard. Ce matin, je me trouvais près de la ferme. Je cherchais à attraper une poule pour mon dîner. Je n’ai pas vu de poupée.
- Dommage, murmura la fillette.
Papa donna la main à notre amie et ils avancèrent plus loin sous les hauts arbres du bois.
Tout à coup, un animal passa en courant. Un furet. Il allait vite et se glissait, silencieux, entre les taillis. Juliette leva les bras et tenta de l’arrêter un instant.
- Bonjour, furet. Toi qui cours partout, n’aurais-tu pas découvert une poupée? Je cherche Lulu.
- Je me déplace très vite, déclara le furet. Je ne veux pas que l’on m’attrape. Je cours sans cesse. Je ne sais pas où se trouve ta poupée.
- Tant pis, fit notre amie.
Il partit aussitôt et disparut derrière un gros tronc d’arbre couché.
Papa fit chanter Juliette pour tenter de la consoler. Tu peux chanter avec elle, si tu veux.
Il court, il court, le furet. Le furet du bois mesdames.
Il court, il court, le furet. Le furet du bois joli.
Il est passé par ici. Le furet du bois mesdames.
Il repassera par là. Le furet du bois joli.
Mais Lulu restait introuvable…
Dans une clairière, se dressait un grand cerf majestueux. Ses bois firent un peu peur à Juliette. Elle s’en approcha pourtant doucement et osa l’interroger.
- Grand cerf, je cherche ma poupée. Tu l’as peut-être vue en te promenant?
- Non. Je rassemblais les biches de ma harde, car nous allons nous enfoncer plus loin dans la forêt à cause des chasseurs qui nous poursuivent. Je ne m’occupe pas de poupées.
Notre amie donna la main à son papa. Ils avancèrent plus loin encore sous les grands arbres.
Juliette s’arrêta soudain. Elle écouta et regarda autour d'elle. Elle aperçut un hibou.
Elle l’appela trois fois.
- Hibou, hibou, hibou…
- Oui, que veux-tu petite fille? Pourquoi me réveilles-tu?
- Tu n’aurais pas vu ma poupée par hasard? Elle se trouve au pied d’un arbre, mais je ne sais plus lequel.
- Non. Je dors le jour, moi. Et je vole la nuit. Le soleil trop brillant me fait mal aux yeux. D’ailleurs, je vais me recoucher dans mon nid. Bonsoir.
- Merci hibou. Repose-toi bien, dit notre amie un peu déçue.
Un coucou chanta. Il volait d’arbre en arbre. Juliette et son papa l’entendirent. Il passa tout près d’eux.
- Coucou, dit la fillette, je ne trouve plus ma poupée. Tu l’as peut-être aperçue?
- Non, répondit l’oiseau. Je suis bien trop occupé à chercher un nid pour y poser mon œuf. Nous les coucous, nous sommes fort paresseux. Nous ne prenons pas le temps de construire notre nid. Nous plaçons notre œuf dans celui d’un autre.
Oh le vilain tricheur, songea notre amie en s’éloignant.
Elle revint à la maison, bien triste. Lulu était vraiment perdue. Elle pensait qu’elle ne la retrouverait plus jamais. Elle s’assit au fond du jardin et se mit à pleurer.
- Juliette! Juliette!
Elle se tourna vers la haie. La petite voix venait du jardin à côté. Son amie Jeanine l’appelait.
- Pourquoi pleures-tu?
- Je ne trouve plus ma poupée. je l’avais emportée avec moi en allant promener ce matin avec papa.
- La blonde, avec des tresses?
- Oui, Lulu.
- Je viens de voir passer Oscar devant ma maison. Il serrait une poupée comme la tienne dans ses bras. Je croyais même que tu la lui avais donnée.
- Il a dû la trouver dans le bois au pied de l'arbre où je l’avais laissée.
- Viens, allons vite lui demander.
Les deux amies se précipitèrent sur le trottoir et crièrent.
- Oscar! Oscar!
Le garçon se retourna et s’approcha. Il va dans la même école, dans la même classe que Juliette et Jeanine.
- Où as-tu trouvé ma poupée? demanda notre amie.
- Dans le bois. Elle traînait toute seule au pied d’un arbre. Je pensais que quelqu’un l’avait perdue. Mais je ne savais pas que c’était la tienne. Tiens. Je te la rends.
- Merci, Oscar, dit Juliette. Tu es très gentil. Je suis si contente de la retrouver.
Elle s’avança vers son copain et lui donna un gentil bisou.
Depuis ce jour-là, Juliette et Oscar sont devenus des grands amis.