N°34
Jean-Claude et sa sœur Christine, Philippe, et Véronique, leurs grands amis parvinrent au sommet de l'île.
Le paysage leur apparut somptueux. D'un côté, la mer étalait ses vagues jusqu'à l'horizon, de l'autre, on apercevait au loin les falaises du continent.
L'île avait une forme étrange. Vue de là-haut, elle ressemblait à un gros têtard.
Les parents de Véronique louaient une petite maison de pêcheurs pour les vacances et leur fille avait reçu la permission d'inviter son amie Christine, âgée de dix ans comme elle. Son frère Jean-Claude, d'un an leur aîné, était de la partie ainsi que Philippe, onze ans lui aussi.
Les quatre amis se trouvaient sur un monticule à quarante ou cinquante mètres au-dessus du niveau de la mer.
Derrière eux, le petit port abritait ses bateaux le long d'une jetée terminée par un phare. Quelques maisons blanches aux volets bleu nattier s'alignaient au bord du chemin menant au seul hôtel de l'île. Des habitations de pêcheurs.
Devant eux se déroulait la longue mais étroite avancée de rochers, la queue du têtard, sur une distance de près d'un kilomètre. Une crête de pierres noires qui dominait d'un côté une longue plage de sable fin et où de l'autre on surplombait la côte sauvage, chaotique. Les lames de l'Atlantique fouettaient à cet endroit un écroulement de blocs de rocs et de caillasses formant des récifs et des écueils acérés.
Soudain, Christine montra aux autres quelque chose, un objet sans doute, qui brillait sur le sable de la plage.
Descendant de leur promontoire, ils se dépêchèrent tous les quatre vers cet endroit.
La plage était déserte et le sable humide confirmait la marée descendante.
Ils arrivèrent près de l'objet.
Une fille de leur âge et un petit garçon de six ans auquel elle donnait la main, se dirigeaient aussi vers la chose qui brillait, mais voyant nos amis arrivés les premiers, ils s'arrêtèrent.
- C'est un sextant, déclara Philippe.
- Un sextant? s'étonna son amie.
- Oui, Véronique, reprit le garçon. Autrefois, les bateaux ne possédaient pas de radar ou de GPS. Le sextant permettait aux hommes d'équipage de calculer la position de leur navire à l'aide du soleil ou des étoiles.
Les trois autres sont toujours en admiration devant l'étendue du savoir de ce garçon.
- Je propose de donner cela aux deux enfants qui nous observent, proposa Véronique.
- Oui, ils semblent habiter sur l'île, enchaîna Christine. Ce sont sans doute des enfants de marins.
La fille portait un short coupé dans un vieux jean, comme Christine d'ailleurs, et son petit frère un maillot rouge. Tous deux étaient pieds nus.
Quand nos quatre amis s'avancèrent vers eux, ceux-ci firent demi-tour et escaladèrent les roches qui forment la crête et séparent la plage de la côte sauvage.
Ils coururent ensuite vers la pointe en suivant l'étroit sentier qui domine la mer et mène à l'extrémité de l'île.
Jean-Claude, Philippe, Christine et Véronique les suivirent en les appelant, mais les deux enfants ne répondaient pas. Ils continuaient à fuir, semblait-il, en sautant à présent de rocher en rocher.
Tout à coup, le petit garçon glissa et fit une chute de deux ou trois mètres, côté côte sauvage.
Nos amis se précipitèrent.
L'aînée, qui s'était mise à plat ventre, tendait les bras dans le vide pour tenter de saisir les mains de son frère et l'aider à remonter. Elle ne réussissait pas à l'atteindre.
- Bonjour, dit Jean-Claude. On vient t'aider. Voici ma sœur Christine, mon ami Philippe et notre amie Véronique.
- Je m'appelle Gwendoline et voilà mon frère, Corentin.
Le petit était tombé sur un rocher plat situé trois mètres plus bas. Impossible de lui saisir les mains pour le remonter et le sortir de là.
- Les garçons, dit Christine, vous allez me tenir par les poignets pour m'aider à descendre près de Corentin. Je trouverai bien ensuite un passage ou un éboulement de rochers qui me permettront de revenir avec lui.
Jean-Claude et Philippe se mirent à plat ventre à leur tour et saisissant les poignets de leur copine qui se laissait glisser le long de la paroi lisse, réussirent à l'amener à un mètre du sol.
- Lâchez-moi, dit Christine, je saute.
Elle se reçut sur les pieds près de Corentin.
- Tu as mal quelque part?
Le petit garçon sécha ses larmes et montra son genou droit qui saignait un peu.
- Ça ne me paraît pas bien grave, affirma notre amie. Viens, donne-moi la main, on va sauter de rocher en rocher et essayer de trouver un passage pour retourner près des autres.
Cinquante mètres plus loin, un éboulis apparut, facile à escalader. Corentin rejoignit sa sœur.
Christine, restée en arrière au bord d'un à-pic surplombant les vagues, semblait fixer un point précis un peu plus loin en mer. Un endroit que les autres, situés plus haut pourtant, ne semblaient pas apercevoir.
Puis elle remonta à son tour.
- Tu as remarqué quelque chose? demanda Véronique.
- J'ai vu une tache couleur turquoise, juste là, indiqua son amie, en tendant le doigt vers une pointe rocheuse qui affleurait à la surface de l'eau.
- C'est le hameçon du diable, dit Gwendoline. On appelle ainsi ce rocher qu'on ne voit qu'à marée basse et qui cause bien des malheurs. Il est cerné par des forts courants qui attirent les navires. Il y a deux ans, une terrible tempête à l'équinoxe d'automne dura plusieurs jours. Cinq bateaux, surpris en mer par ces courants, ont disparu. Ils ont coulé corps et biens, à l'endroit de l'hameçon du diable. Et parmi eux, il y avait celui de mon père. Il n'est jamais revenu.
Gwendoline essuya deux larmes qui coulaient sur ses joues.
- Venez, dit-elle, l'été j'habite chez mon grand-père. Maman travaille sur le continent, de l'aube à la nuit. Suivez-moi, on va soigner mon petit frère.
- S'il y a une tache turquoise, affirma Philippe en faisant un pas en avant pour tenter de l'apercevoir, c'est que ton hameçon du diable est situé au-dessus d'une grotte. Un rayon de soleil y entre et son reflet, ressortant filtré par l'eau, produit cette étrange et belle couleur. Un phénomène semblable existe au large d'une falaise à la Guadeloupe.
Ils arrivèrent chez le grand-père de Gwendoline et Corentin.
Le vieil homme vivait dans une petite maison basse, loin du village, isolée sur la côte sauvage, fouettée par les vents d'Ouest.
- C'est un vieil ours bourru, annonça la jeune fille. Depuis la mort de son fils, mon père, il ne veut plus voir personne. C'est à peine s'il tolère notre présence.
L'homme salua d'un simple grognement les quatre amis que Gwendoline venait pourtant de présenter comme les sauveurs de Corentin.
- Je t'ai déjà dit de ne pas emmener le petit sur les falaises de la côte sauvage, dit-il en grondant la jeune fille. S'il se casse une jambe, qui payera le docteur?
Après avoir désinfecté et posé un pansement sur le genou de son frère, Gwendoline emmena ses nouveaux amis entre lande et rochers.
- Nous avons décidé de te donner ce sextant qui se trouvait tantôt sur la plage, dit Jean-Claude. Il provient peut-être du bateau de ton père.
- C'est plus ancien que cela, dit Gwendoline, mais je vous remercie. La mer rejette parfois des objets ayant appartenu à des navires coulés lors des tempêtes. J'en ai récolté quelques-uns. Venez, je vais vous montrer ma cachette.
Ils s'arrêtèrent près d'un espace étroit, une sorte d'anfractuosité, pas loin des vagues et bien à l'abri des regards. L'entrée était dissimulée par des ronces que leur nouvelle amie écarta avec la main.
Elle en sortit plusieurs objets rouillés ou cabossés.
Parmi eux se trouvait un étrange miroir doré.
- Tu crois que c'est de l'or? demanda Christine.
- Je n'en suis pas certaine, répondit Gwendoline.
L'objet mesurait cinquante centimètres sur quarante. La surface un rien bosselée par endroits, ne permettait pas de se regarder comme dans un miroir.
- C'est lourd, dit Philippe en l'ayant pris en main à son tour.
- Il possède un mécanisme étrange, expliqua Gwendoline. Je l'ai découvert par hasard. Venez, suivez-moi, je vais vous montrer.
Elle les conduisit au bord de la mer.
- Regardez, dit-elle.
Elle posa le miroir doré sur une pierre plate où les vagues, plus calmes à cet endroit, passaient à intervalle régulier.
L'eau glissa une première fois, recouvrit l'objet, puis se retira, le faisant réapparaître. Une image apparut sur l'étrange miroir. Une pyramide, comme celles d'Égypte, sur le plateau de Gizeh.
Puis, une nouvelle vague passa sur le miroir et recula à son tour. Un cercle apparut, dont la surface était parcourue de bandes horizontales allant du vert au brun. Une tache rouge colorait la bande centrale orange.
Puis ils virent une étoile de mer.
Ensuite, une main humaine, les doigts bien écartés.
Enfin ce fut un planisphère, qui représentait les deux hémisphères terrestres. On distinguait les continents et les océans qui les entourent.
Et ce fut tout. La vision disparut.
- C'est beau! s'exclama Véronique.
- Génial! ajouta Christine. Mais je me demande si cela veut dire quelque chose. On croirait une charade. Mon premier est...
- Tu te souviens, interrompit Jean-Claude. On avait un jeu qui ressemblait à celui-ci. Une sorte de puzzle en blocs de bois. Chaque fois qu'on le secouait, une nouvelle image apparaissait.
- Je me rappelle, dit sa sœur en réfléchissant. Qu'est devenu ce jeu?
- Tu l'as cassé, affirma le grand frère en souriant.
- Les gars, je crois que je comprends l'énigme, lança Philippe.
- Que veux-tu dire?
- Je devine la solution de la charade que nous pose le miroir.
Il y eut un instant de silence, puis Philippe reprit.
- La réponse est le chiffre cinq.
- Pourquoi? demanda Gwendoline.
- Bon. Mon premier est une pyramide. Quatre côtés plus la base, cela fait cinq. Mon deuxième est un cercle. Il représente Jupiter telle qu'on la voit au télescope, avec la tache rouge, une effroyable tempête qui y circule sans cesse paraît-il. Jupiter est la cinquième planète de notre système solaire. Mon troisième, l'étoile de mer possède cinq bras le plus souvent. Mon quatrième, la main, compte cinq doigts. Mon cinquième est le planisphère, la représentation des cinq continents habités. J'écarte le pôle Sud.
- C'est... C'est fabuleux, reconnut Gwendoline. Il est toujours comme ça, votre ami?
- Oui, dit Jean-Claude. Tu t'habitueras si comme nous tu le fréquentes un peu...
- Et maintenant on fait quoi? lança Véronique.
- Je vais secouer ce miroir cinq fois puis le remettre dans l'eau, décida Christine à qui l'idée paraissait tout à coup logique.
Dès qu'une vague passa, un message apparut.
« Nous sommes enfermés dans une caverne située sous le hameçon du diable. Impossible d'en trouver la sortie. Venez nous délivrer. »
Suivaient les noms des cinq capitaines disparus dans la tempête autrefois, dont celui du père de Gwendoline et Corentin.
- Quand as-tu découvert ce miroir? demanda Jean-Claude.
- Il était échoué il y a un an sur la plage, celle où vous avez trouvé le sextant, murmura Gwendoline.
Les quatre amis se turent et entourèrent leur amie.
- Je comprends qu'il ne reste aucun espoir de les retrouver vivants, dit-elle. Mais j'aimerais, avec votre aide, tenter d'aller visiter cette caverne.
Nos amis entourèrent cette jeune fille courageuse, prête à affronter les dangers du rocher du diable pour se trouver face à face avec l'horreur qui sans doute l'attendait dans la grotte sous-marine.
- Comment irons-nous? demanda Véronique. Pas à la nage?
- Non, ce serait trop dangereux. Mon père avait une barque amarrée dans le port. Je m'en sers parfois pour aller pêcher avec Corentin. On la prendra et on l'attachera avec une corde au hameçon du diable, et puis de là, je plongerai. Il faudra profiter de la marée basse. Les courants marins, à ce moment, sont moins forts.
- À quelle heure est cette marée basse, demain? demanda Philippe.
- À dix heures. On pourrait quitter le port à neuf heures.
- Il faudra partir plus tôt, calcula le garçon. Le reflet turquoise que Christine et ton frère ont vu prouve qu'il y a une grotte et des fissures qui laissent passer les rayons du soleil, mais en fonction du principe des vases communicants, l'eau entre dans cette caverne à la marée montante et sort à la descendante. Le courant de la marée montante pourrait nous empêcher de nous en extraire.
- Génial, répondit Gwendoline. Retrouvons-nous demain au port à huit heures.
- D'accord, promirent les autres à l'unisson.
Il restait une bonne heure de marée descendante quand les six enfants atteignirent le rocher du diable.
Jean-Claude et Philippe avaient tenté de prendre les rames de la barque à la sortie du port, mais le résultat n'avait pas été fameux. La chaloupe zigzaguait dans tous les sens, au gré des courants. Leur amie reprit vite les rames, et les amena au rocher d'une main experte.
Ils se trouvaient à présent contre la pointe rocheuse, à cinquante mètres de la côte sauvage. Ils attachèrent le canot avec une corde à la partie émergée du rocher.
Gwendoline s'apprêta à plonger, vêtue de son vieux short. Elle était pieds nus comme la veille.
- Je t'accompagne, dit Christine, toujours habillée de même.
- Je viens avec vous, les filles, annonça Jean-Claude qui s'était déjà mis torse nu et ôtait ses baskets pour ne garder que son bermuda.
Philippe et Véronique, moins sportifs, surveilleraient la barque et Corentin.
Le petit garçon voulait suivre sa sœur, mais elle refusa, prétextant que le courant était trop fort, ce qui était d'ailleurs la stricte vérité.
Elle prit une gorgée d'air et disparut sous l'eau. Jean-Claude plongea.
- On arrive, dit Christine aux trois autres. Ne vous inquiétez pas.
Elle s'enfonça à son tour dans l'eau froide.
Gwendoline repéra un trou dans la paroi rocheuse sous-marine. Elle l'indiqua du doigt aux deux autres, puis les trois enfants remontèrent à la surface pour respirer.
- On voit quelque chose, cria Jean-Claude à Philippe, Véronique et Corentin.
- Tu oses entrer là-dedans? demanda Christine.
- Je risque, répondit la jeune fille.
- Je te suis.
Ils plongèrent tous les trois et passèrent à tour de rôle dans un tunnel aquatique étroit. Impossible d'écarter les bras à cet endroit.
Un léger courant contraire les freinait un peu, mais l'eau qui les ralentissait, devait venir de quelque part. Ça les encouragea à poursuivre l'exploration.
Le passage s'ouvrait après un boyau de trois mètres inquiétants. Dans un utlime effort, Gwendoline remonta vers la surface, suivie par les deux autres.
Ils se trouvaient à présent à la surface d'un lac dans une vaste caverne. L'eau y était froide et noire.
Christine posa sur un replat de la paroi rocheuse une lampe de poche qu'elle avait emportée.
- Ça nous indiquera le passage, dit-elle, car on ne voit rien, de ce côté, sous l'eau. Je comprends que les cinq capitaines, aspirés ici par le fort courant de tempête, n'ont pas réussi à trouver la sortie.
La caverne était plongée dans une obscurité presque complète. Les enfants ne distinguaient ni la voûte ni les parois latérales.
Seul, un mince rayon de lumière fendait cet espace, traversant la nuit éternelle de la grotte et l'éclairant à peine. Il permit aux yeux de nos amis de s'adapter et bientôt, ils remarquèrent un rocher plat qui affleurait à la surface de l'eau.
Les trois enfants n'avaient pas pied. Le lac souterrain était profond. Ils nagèrent vers le rocher pour y prendre appui.
- Il faut aller avertir les autres, dit Jean-Claude. Nous avons plongé depuis un long moment. Ils vont s'inquiéter et croire qu'on ne revient plus.
Le garçon repartit vers le boyau d'entrée, suivit l'étroit passage qu'il repéra facilement grâce à la lampe de poche de sa sœur, et monta respirer près du canot.
- On a trouvé la caverne. On l'explore et on revient, dit-il. Tu l'avais bien deviné, Philippe. Il y a un lac sous cette roche, presque tout noir.
Il replongea et alla retrouver Christine et Gwendoline.
Les deux filles venaient de se hisser sur le rocher, au centre de la caverne. Jean-Claude les rejoignit. Un spectacle à la fois horrible et fascinant, hallucinant même, les attendait.
Cinq squelettes, vêtus de lambeaux de tissu entouraient un coffre imposant. Chacun des cinq morts posait une main sur le couvercle du coffre. Des bouteilles de rhum, vides, jonchaient le sol.
- Les cinq capitaines, dit Christine.
- Mon père est l'un d'eux, murmura Gwendoline, les larmes aux yeux.
Ses amis l'entourèrent, posant une main chaleureuse, réconfortante, sur ses épaules.
Lequel était-ce? Cela n'importait pas. Il était là, avec ses collègues, mort, depuis deux ans.
Des pièces d'or qui avaient roulé çà et là, luisaient sur le sol noir. C'étaient des doublons, les pièces que les Espagnols fondaient autrefois avec l'or trouvé aux Amériques.
Nos amis distinguèrent quatre lettres gravées sur le couvercle du coffre : Buck.
- Buck le pirate, dit Gwendoline.
Buck le pirate vivait vers l'an mille sept cents. Il n'était pas au service du roi de France, comme les corsaires. Il possédait son propre bateau. Ses hommes d'équipage l'adoraient. Lui les considérait comme des amis. Ils les menait de victoire en victoire, écumant la mer des Caraïbes qui n'avait pas de secret pour lui.
Seuls, Ourck le corsaire ou Greg le pirate auraient pu rivaliser avec lui. Mais ils ne se rencontrèrent jamais.
Un jour, Buck osa s'attaquer au puissant galion de l'amiral espagnol Manuele. Grosse erreur! La bataille fut terrible. L'amiral espagnol remporta la victoire.
Buck, dont les hommes, ses amis, furent tués ou pendus après la bataille, fut condamné à errer seul sur les mers, sur son navire aux voiles déchirées.
Il semble qu'il ait fini par s'échouer le long des côtes de Bretagne.
Et donc, nos trois audacieux aventuriers venaient de découvrir sa cachette et son trésor sous le rocher appelé « hameçon du diable ».
Après un long moment de silence, de recueillement, de stupeur aussi, Gwendoline, Jean-Claude et Christine décidèrent de ne toucher à rien et de retourner à la barque.
Ils emportèrent juste quelques doublons, ramassés sur le sol, preuve de leur incroyable découverte.
Ils replongèrent dans l'eau du lac souterrain, et nagèrent jusqu'au goulet qu'ils repassèrent l'un derrière l'autre.
Ils se hissèrent sur la barque et contèrent leur aventure à Philippe, Véronique et Corentin. Ils leur montrèrent les pièces d'or.
Puis, saisissant les rames, ils retournèrent au port.
Ils expliquèrent leur découverte aux parents de Jean-Claude et Christine, présents sur l'île, puis à la maman de Gwendoline et Corentin, au soir à son retour du continent où elle travaille.
Tous se rendirent ensuite à la capitainerie du port, où nos amis durent, une fois encore, recommencer leur récit.
Le lendemain, les six enfants accompagnèrent un bateau de la gendarmerie le long de la côte, jusqu'au rocher du diable. Un groupe de plongeurs s'équipa de masques et de bouteilles d'oxygène pour entreprendre l'exploration de la grotte.
Ils admirèrent le courage et l'audace des enfants qui s'apprêtaient à y retourner en plongeant et en nageant, sans demander aucun accessoire, pour indiquer le chemin aux hommes et femmes de la police maritime.
Jean-Claude, Christine, Gwendoline, précédèrent les professionnels dans le goulet puis dans la caverne.
Les restes des corps furent glissés dans des sacs étanches afin d'être confiés aux collègues de la police scientifique, chargée d'identifier les squelettes et d'établir la concordance avec les cinq capitaines disparus.
Les corps furent rendus aux familles quelques jours plus tard. Une cérémonie commune fut organisée dans l'église du village. Les quatre amis y assistèrent, bien sûr, en compagnie de Gwendoline, Corentin, leur maman, et le grand-père.
Des plongeurs retournèrent plusieurs fois à la grotte sous-marine, souvent avec nos amis. On ne trouva aucune trace du corps de Buck le pirate.
Puis le trésor fut partagé. Philippe et Véronique refusèrent leur part, estimant qu'ils ne la méritaient pas, n'ayant pas plongé. Ils la confièrent à Gwendoline.
Jean-Claude et Christine conservèrent chacun un doublon en or en souvenir de leur aventure, mais remirent aussi leur part à leur amie.
La maman put cesser son travail épuisant sur le continent. Sa vie et celle de ses deux enfants s'en trouva transformée dans leur petite maison de pêcheurs sur l'île, près du port.
Gwendoline emmena encore plusieurs fois nos quatre amis sur la barque de son père pour de passionnantes équipées le long des côtes. L'aventure acheva de sceller leur amitié.
Ils vécurent des vacances inoubliables à ses côtés.