N°43
Cette histoire de nos deux amis est en même temps le scénario d'un jeu de rôle.
Béatrice arriva un très beau samedi matin chez son copain François. Le soleil brillait dans le ciel bleu. Âgés tous les deux de sept ans et demi, ils se connaissent bien car ils vont dans la même classe à la même école.
François a deux petites sœurs: Olivia, cinq ans et demi et Amandine, trois ans et demi. Béatrice a un petit frère, Nicolas, de presque un an.
Les deux amis décidèrent d'aller faire un tour au bois. Il faisait particulièrement chaud ce jour-là. Les petites sœurs du garçon voulurent accompagner. Le grand frère tenta de les en dissuader, mais elles insistèrent. Alors, les deux aînés acceptèrent de les emmener, mais pour une promenade un peu plus courte que prévu.
Malheureusement, dans le bois, François et Béatrice se trompèrent de route. Au croisement, au lieu de prendre vers la gauche, ils allèrent vers la droite, pensant ainsi revenir plus rapidement au gros village où ils habitaient. Hélas ce chemin tournait et tournait encore sous les arbres et il s'avéra bien plus long.
Les soucis commencèrent. Amandine, trois et demi, ne voulait plus marcher. Les aînés la portaient à tour de rôle sur leur dos. François avait dit à son amie qu'elle n'était pas obligée de porter la petite fille puisque ce n'était pas sa sœur, mais elle le faisait bien volontiers pour aider son copain. Quant à Olivia, celle de cinq ans et demi, elle traînait cinquante mètres derrière en boudant.
- Vous ne me portez jamais. Je suis fatiguée. C'est toujours Amandine qui va sur le dos.
François se retourna et lui cria:
- Tu as cinq ans et demi. Tu n'es plus à l'âge où on te porte.
Olivia répondit que ce n'était pas vrai. Le garçon lui rétorqua que si l'année prochaine elle voulait aller à un camp de vacances, il était grand temps qu'elle apprenne à marcher convenablement.
Soudain il crut tenir une bonne idée. Il cria:
- Olivia, viens vite, je vois un marchand de glace.
La petite fille courut pour rattraper les deux aînés. Elle buta contre une pierre et tomba en avant sur le chemin. Elle s'écorcha aux deux genoux. Elle saignait et était à présent vraiment incapable de marcher.
À cet endroit, le sentier qu'ils suivaient dans la forêt aboutissait à une route en terre. Nos amis ne la connaissaient pas. Sur la droite se trouvait une grosse villa et vers la gauche une ferme-château en pierres grises.
- Asseyez-vous ici, Olivia et Amandine, là dans l'herbe en dessous de l'arbre et ne bougez pas. Béatrice et moi allons vite nous rendre jusqu'à cette maison. On demandera aux gens de téléphoner à papa et maman pour qu'ils viennent nous chercher en voiture. Restez ici sagement.
Les deux grands s'éloignèrent.
C'était peut-être une erreur. Ils n'auraient pas dû laisser les deux petites filles seules à l'angle du bois. L'un des aînés aurait dû rester auprès d'elles.
Les volets de la villa étaient baissés. Les enfants eurent beau sonner, personne ne répondit. Les gens semblaient absents.
Nos amis revinrent sur leurs pas afin d'emmener les petites et d'aller se présenter à la ferme-château. Malheureusement quand ils arrivèrent au coin du chemin et de la route, là où Olivia et Amandine étaient sensées rester assises, ils ne virent plus personne.
François appela ses petites sœurs. Béatrice regarda dans toutes les directions, mais elle ne les aperçut pas.
- Ce n'est pas le moment de jouer à cache-cache, cria le garçon. Venez, revenez tout de suite.
- Je ne crois pas qu'elles jouent à cache-cache, murmura Béatrice.
- Moi non plus, répondit François. Je dis ça pour me rassurer. J'ai très peur. Si je ne retrouve pas mes sœurs, je n'oserai jamais retourner à la maison. Je resterai dans les bois. Je ne veux pas revenir chez moi sans elles. Je ne sais pas ce que papa et maman me diraient et puis je serais vraiment honteux d'avouer que je les ai perdues.
- Elles sont peut-être allées jusqu'à la ferme-château. Elles avaient soif. Viens, allons voir, proposa Béatrice.
Les deux enfants s'approchèrent d'un grand mur aux pierres grises. À l'angle de ce rempart se trouvait une tourelle percée de petites fenêtres étroites, des meurtrières. Ils entendirent quelqu'un pleurer là-dedans, mais ce n'était ni Olivia ni Amandine.
Les deux amis longèrent ce haut mur et parvinrent près d'un bâtiment au toit de tuiles bleues. Ils ne virent dans cette façade qu'une seule petite fenêtre, grillagée. Ça devait être une ancienne grange peut-être. Passant devant cette étroite ouverture, ils aperçurent un visage mauvais, grimaçant, terrifiant.
Poliment, François demanda à celui qu'il venait d'apercevoir à la fenêtre s'il n'avait pas vu passer deux petites filles, une de cinq ans et demi et une de trois ans et demi.
L'individu répondit avec une voix grinçante.
- Une petite en salopette rouge et une plus grande avec un short en jean bleu et un t-shirt blanc?
- Oui, se réjouit François.
- Je ne les ai pas vues. Elles ne sont pas passées par ici, affirma le sinistre individu.
Les deux amis s'éloignèrent. Mais soudain Béatrice s'exclama en s'arrêtant et en se tournant vers son copain.
- Mais il ment! Il a vu tes petites sœurs puisqu'il peut nous décrire leurs vêtements.
Ils se trouvaient devant un grand porche d'entrée. Cela débouchait sur une cour, pavée de vieilles pierres. Plus loin, on apercevait le château.
Les deux enfants, se donnant la main, passèrent sous l'arcade. Un grand chien se mit à aboyer et à sauter devant sa niche. Heureusement il était tenu par une chaîne. Les deux amis se sauvèrent, apeurés.
Ils continuèrent à longer la propriété et aperçurent une tour moyenâgeuse, aménagée en maison. Devant cet édifice se trouvait un jardin situé en hauteur, sur une terrasse. Une vieille dame y était assise sur une chaise roulante. Elle souriait au soleil.
- Bonjour madame. Vous n'auriez pas aperçu deux petites filles, s'il vous plaît? Ce sont mes sœurs, Olivia et Amandine. Elles ont cinq ans et demi et trois ans et demi.
- Hélas, les enfants je n'ai vu passer personne. Mais dites-moi. Où les avez-vous laissées?
- Au coin du sentier et de la route, madame, entre votre château et la villa.
- Il ne fallait pas abandonner les petites filles à cet endroit! Un Vilain Méchant occupe la vieille grange, le bâtiment qui longe la route. Il les a certainement faites prisonnières.
- Ça j'en suis sûre, renchérit Béatrice. Il pouvait décrire leurs vêtements.
- C'est terrible les enfants. Elles sont certainement kidnappées par ce sinistre individu et enfermées dans ses caves. Ce n'est pas la première fois. La police tente de nous en débarrasser, mais c'est un magicien. Toutes les tentatives ont échoué jusqu'ici... Mes deux petites-filles habitent au château et il nous a déjà tous menacés.
- Je ne veux pas retourner à la maison sans mes sœurs, s'inquiéta François. Je serais un bien minable grand frère. S'il vous plaît, madame, aidez-nous.
- Je ne peux pas vous accompagner car je suis en mauvaise santé. Je ne me déplace que très difficilement. Mais je vais essayer de vous aider.
- Pour les retrouver et vous débarrasser du Vilain Méchant, il faut aller chez lui et l'affronter au jeu de cartes. Je ne vois pas d'autre solution, les enfants. Vous allez essayer de gagner le plus de cartes possible.
Béatrice et François écoutaient en silence.
- Dans un jeu, quatre cartes de chaque signe peuvent faire peur à votre ennemi. Le valet, car il le menace avec son épée, la dame, car elle lui fait perdre tous ses pouvoirs et le roi, car il le paralyse. Il ne peut plus bouger quand il est en présence de la carte du roi. Enfin, il y a le joker. Si vous lui présentez cette image, il sera obligé de répondre à trois de vos questions, n'importe lesquelles. Allez-y avec courage et intelligence, les enfants.
- Nous allons essayer, répondit François, fermement.
- Mais d'abord, je vais vous poser trois questions, ajouta la bonne vieille dame. Pour vous aider. Si vous répondez bien à chacune, vous gagnerez trois fois deux cartes, c'est-à-dire six en tout. Je ne peux hélas pas vous en offrir d'autres. Elles sont magiques et possèdent un pouvoir sur le vilain méchant, vous verrez. Commençons. Première question.
- On vous écoute, dit Béatrice.
- Où trouve-t-on un cheval d'arçon?
- Ce doit être dans une étable, réfléchit notre amie.
- Non, interrompit son copain. Un cheval d'arçon, ce n'est pas un vrai cheval. C'est un instrument qui sert à la gymnastique. On trouve cet appareil dans une salle de gymnastique, madame. C'est une sorte de plint, reposant sur quatre pattes, et muni de deux anneaux.
- Bravo, félicita la vieille dame. Tu peux prendre deux cartes.
François eut la chance de tirer la dame de carreau et un quatre de carreau.
- Deuxième question. Comment appelle-t-on le poisson qui vit sous la mer et a une tête de cheval?
Le sais-tu? toi qui lis mon histoire.
- Un hippocampe, s'écria Béatrice.
- Bravo. Tu peux aussi choisir deux cartes, jeune fille.
Elle ne puisa qu'un cinq et un trois de carreau, malheureusement. Elle n'eut pas la chance de sortir une image du paquet.
- Troisième question, proposa la dame. Vous savez que les Amérindiens en Amérique se déplaçaient souvent à cheval.
- En effet, dit François.
- Lors de leurs fêtes, sous la pleine lune, ils portaient une parure de plumes. Combien de plumes comporte la parure de fête d'un chef Indien?
Ni François ni Béatrice n'en avaient la moindre idée. Ils ne purent donc pas recevoir de carte.
- Avant que vous partiez, ajouta la grand-mère, je vais vous remettre un dé. Choisissez deux chiffres. J'espère qu'ils vous porteront bonheur dans votre aventure.
Nos deux amis optèrent pour le trois et le six. Béatrice glissa le dé dans la poche de la salopette verte qu'elle portait ce jour-là, puis les deux enfants s'éloignèrent vers le bâtiment central du château.
Ils marchaient derrière des haies lorsqu'ils entendirent le rire de deux enfants. Ils levèrent les yeux et s'aperçurent que deux filles les observaient depuis la fenêtre de leur chambre au premier étage.
- Que faites-vous là?
- Nous essayons de retrouver mes petites sœurs prisonnières du Vilain Méchant dans l'ancienne grange, à l'entrée de votre ferme-château. Pouvez-vous nous aider? Nous cherchons des cartes à jouer.
- Prenez l'échelle qui se trouve derrière la haie et montez jusqu'ici. Nous allons faire un jeu. Si vous gagnez, vous en recevrez. Nous ne pouvons pas quitter notre chambre parce que nous somme punies.
Lorsque nos amis arrivèrent à la fenêtre des deux filles, ils firent connaissance.
- Je m'appelle Adrianne, dit l'une.
- Et moi, Aurore, ajouta l'aînée.
- Nous, c'est Béatrice et François.
- Voici notre jeu, annonça Aurore. L'un de vous lance votre dé, puis je lance le mien. Si votre chiffre est le plus grand, vous gagnez. Vous pouvez choisir une carte. Par contre, si le chiffre indiqué par votre dé est plus petit que le mien, vous devez me donner une carte. D'accord?
- D'accord, répondit François. J'essaie.
Il fit un six, Aurore fit un deux. François tira un valet de carreau.
Béatrice fit un un, Adrianne fit un trois. Notre amie remit le trois de carreau remporté chez la vieille dame.
Relançant encore une fois son dé, François fit un quatre et Aurore un trois. François obtint un sept de carreau.
Les sœurs entendirent alors un bruit de pas dans le couloir.
- Sauvez-vous. Nos parents arrivent, s'écrièrent Aurore et Adrianne. Bonne chance!
Béatrice et François descendirent précipitamment de l'échelle. Ils la rangèrent contre le mur et se sauvèrent.
Ils se cachèrent sous un saule pleureur, au bord du petit lac qui occupait une partie des jardins du château.
Nos amis aperçurent un coffret au fond de l'eau. Curieuse, Béatrice entra pieds nus dans l'étang. Elle saisit la boîte à deux mains et l'ouvrit. Elle contenait trois cartes.
Remis de leur émotion, ils tentèrent de les prendre, car ils en avaient grand besoin. Ce ne fut pas facile de les attraper car il fallait saisir ces cartes avant que le couvercle du coffre se referme sur leurs doigts. Mais nos amis sont vifs et habiles. Ils réussirent à obtenir le un et le dix de carreau, plus le roi de carreau.
Ils tenaient donc pour l'instant en plus du dé de la vieille dame, le un, le quatre, le cinq, le sept et le dix, dont ils ne savaient trop que faire mais également le valet, la dame et le roi de carreau. Il manquait le joker.
Ils refermèrent le coffre et le glissèrent dans l'eau.
Ils se dirigèrent alors vers la maison du Vilain Méchant.
Ils longèrent une piscine située en plein soleil. Elle était bien tentante, mais passant la main dans l'eau, Béatrice s'aperçut qu'elle était particulièrement froide. Et puis, ce n'était pas le moment de se baigner.
Soudain, le Vilain Méchant sortit de sa maison avec un livre sous le bras. Nos amis ne virent aucune cachette. Ils entrèrent dans cette eau glaciale tout habillés. Mais ils savaient qu'ils ne pourraient pas tenir le coup vingt minutes dans une eau si froide.
Le sinistre individu s'assit dans un relax, près d'eux, sans les voir et se mit à lire.
Combien de temps resterait-il là et combien de temps nos amis allaient-ils grelotter dans cette eau si froide? Ils en avaient jusqu'au cou. Ils lancèrent deux fois leur dé. En multipliant le trois et le quatre ainsi obtenus, trois fois quatre égale douze, ils surent que le Vilain Méchant ne lirait que douze minutes.
Grelottant, ils restèrent dans l'eau, serrés dans les bras l'un de l'autre pour avoir moins froid. Encore une chance qu'ils n'avaient pas fait un cinq et un quatre, parce que cinq fois quatre égale vingt et là ils auraient dû sortir de la piscine avant même que le Vilain Méchant ne s'en aille et ils auraient été faits prisonniers.
Le Vilain Méchant partit après douze minutes. Béatrice et François se hissèrent hors de l'eau. Trempés, dégoulinants et glacés, ils tremblaient. Ils se dirigèrent hardiment vers la maison du monstre.
Ils passèrent devant la tourelle, à l'angle du jardin où tantôt, en arrivant par la route, ils avaient entendu quelqu'un pleurer. Là, derrière des meurtrières, se trouvait un prisonnier. Nos amis s'approchèrent. L'homme leur adressa la parole en suppliant.
- Donnez-moi deux cartes, je vous remettrai un joker. S'il vous plaît, acceptez, je ne veux pas mourir ici. Avec deux de vos cartes, je pourrai quitter cette tour et retourner chez moi.
Nos amis trouvèrent la proposition intéressante. Ils firent confiance à ce prisonnier. Ils lui donnèrent le un et le quatre de carreau. Le prisonnier leur confia un joker. Armés de ces cartes, nos amis s'approchèrent de l'ancienne grange.
Le prisonnier leur lança, en se retournant:
- Méfiez-vous! Si vous voyez un chat blanc avec un collier en or, c'est le Vilain Méchant. Il possède des pouvoirs magiques. Il peut se transformer en chat pour vous surprendre. Soyez prudents. Tâchez que le chat dorme si vous passez près de lui sinon vous serez faits prisonniers.
Béatrice et François entrèrent dans la maison du Vilain Méchant par une fenêtre ouverte. Leurs cœurs battaient la chamade.
Ils ouvrirent une porte et passèrent dans un grand hall.
Ils aperçurent aussitôt un chat blanc avec un collier en or, couché sur une armoire. Béatrice et François l'observèrent. Dormait-il vraiment ou faisait-il semblant? Il fallait lancer leur dé et ne faire ni le trois ni le six que nos amis avaient choisis comme chiffres fétiches chez la gentille vieille dame. Ils réussirent à faire un cinq. Quelle chance! Le chat dormait.
Ils grimpèrent l'escalier qui menait aux chambres. Ils les visitèrent toutes mais elles étaient vides. En redescendant, une planche grinça abominablement. Le chat allait-il s'éveiller? Nos deux amis relancèrent leur dé. Malheureusement ils firent un six. Le chat ouvrit les yeux et reprit son physique de Vilain Méchant. Sa voix grinçante retentit.
- Que faites-vous dans ma maison?
- Je viens délivrer mes sœurs, répondit François courageusement. Vous les tenez certainement prisonnières et je viens vous affronter aux cartes.
- Aux cartes, s'écria le Vilain Méchant. Excellente idée. Si je gagne tu seras mon prisonnier et ta copine également.
Il sortit ses cartes, des trèfles. Nos amis avaient des carreaux. Ils jouèrent à la bataille. Plusieurs coups s'échangèrent, chacun gagnait à tour de rôle. Lorsque François présenta le joker, le Vilain Méchant ne bougea plus. Notre ami en profita pour lui montrer le roi, la dame et le valet. Le roi paralysa le Vilain Méchant, la dame lui enleva son pouvoir magique et le valet le menaça de son épée.
- J'ai le droit de vous poser trois questions, dit notre ami.
Le sinistre individu se taisait. Le garçon se tourna vers sa copine.
- On pourrait d'abord l'interroger sur l'endroit où se trouvent mes petites sœurs.
- D'accord, fit Béatrice.
- Où cachez-vous mes sœurs, Olivia et Amandine? dit François.
- Dans la cave numéro 7.
- Demandons-lui où il met les clés?
- Oui, bonne idée.
- Où sont les clés pour ouvrir la cave numéro 7? interrogea Béatrice.
- Pendues à un clou devant la porte, dans le couloir.
- Et puis, il faut qu'on puisse se sauver, murmura le garçon.
- Comment pouvons-nous faire, pour nous enfuir ensuite, sans que vous nous rattrapiez?
- Il vous suffira de me laisser en présence des trois cartes que vous venez de me présenter, le roi, la dame et le valet. Je ne pourrai rien contre vous.
Les deux amis descendirent un escalier étroit qui menait aux caves. La clé numéro 7 pendait au clou. Ils la saisirent et la glissèrent dans la serrure numéro 7. Olivia et Amandine leur sautèrent au cou.
En repassant dans le hall d'entrée, le Vilain Méchant les supplia, prisonnier des trois cartes: le roi, la dame et le valet.
- S'il vous plaît, s'il vous plaît, gémit-il. Enlevez les trois cartes. Je vous offrirai un sac de pièces d'or. S'il vous plaît, enlevez ces cartes, au moins une.
- Méfie-toi, chuchota Béatrice.
- Tu as raison, répondit François. Et puis de toute façon, on n'a pas besoin de pièces d'or. On a mes sœurs. C'est le plus important.
François se tourna vers le Vilain Méchant.
- Tant pis pour vous. On vous laisse avec les trois cartes. On va envoyer des policiers qui vont venir vous chercher et vous mettre en prison.
Olivia et Amandine acceptèrent de courir presque sans arrêt jusque chez les parents. À bout de souffle, elles furent bien heureuses de pouvoir embrasser papa et maman. Puis, elles se tournèrent vers le grand frère et Béatrice et les remercièrent pour leur courage.
Ce courage des vrais grands frères et des vraies grandes sœurs qui protègent les plus jeunes, leur évitent bien des souffrances et, quand il le faut, les délivrent des affreux Vilains Méchants ou monstres qui parfois les menacent.