N°3
Tante Louise, la sœur de la maman de Béatrice, habite au Brésil. Elle connaît toutes sortes de gens extraordinaires, et elle offre toujours des cadeaux fabuleux à toute la famille.
En plus, notre amie a une grande chance. Sa tante Louise est très distraite. Elle envoie souvent un cadeau à Béatrice trois mois avant son anniversaire car elle ne se souvient plus de la date de naissance de sa petite nièce. Ensuite elle lui fait parvenir un cadeau le jour de l'anniversaire, car entre-temps elle a retrouvé la date, mais elle a oublié qu'elle avait offert un cadeau trois mois avant. Et enfin, elle expédie un dernier cadeau après la fameuse date car elle ne se rappelle pas en avoir donné un et ne voudrait pas rater son anniversaire.
Ce jour-là, Béatrice, bien perplexe, regardait le nouvel arrivage de sa tante Louise. Cinq petits pots de peinture. Du blanc et du noir, du jaune et du rouge et un pot de bleu, bleu comme la couleur du ciel. Une lettre accompagnait ces cinq pots. Cette lettre intriguait notre amie.
«Ma chère nièce. Je te souhaite un heureux anniversaire. Voici quelques pots de couleurs. Si tu en désires d'autres, je pourrai encore t'en envoyer. N'utilise pas ces peintures avec un pinceau mais avec ton doigt. Elles ne sont pas ordinaires. Elles vont te changer en animal. Si tu étales du blanc autour de tes chevilles, de tes poignets et de ton cou, tu deviendras un chien blanc. Si tu fais la même chose avec la peinture noire, tu deviendras un chat noir. Le jaune te transforme en girafe et le rouge en oiseau. Le bleu, lui, sert à redevenir un enfant. L'animal doit y tremper sa patte pour se retrouver comme avant.
Si tu joues avec ces peintures, fais bien attention à trois choses. La première : laisse toujours le pot de bleu bien ouvert. Un chien ou un chat ne peut pas ouvrir un pot en dévissant le couvercle. Ensuite, veille à ce que ta porte et une fenêtre restent ouvertes afin de pouvoir entrer dans ta chambre si tu vas jouer dehors sous la forme d'un animal. Et enfin, préviens tes parents de ta métamorphose.
Amuse-toi bien, je t'embrasse, Tante Louise ».
Béatrice téléphona à son ami. Ils ont tous les deux sept ans et habitent dans la même avenue.
-François, dit-elle après avoir enfoncé la touche mémoire. Écoute! J'ai reçu un cadeau de Tante Louise, mais je crains de l'utiliser toute seule. Tu veux bien venir ? Je crois qu'on va bien s'amuser.
-J'arrive, répondit le garçon, après un instant d'hésitation.
Notre ami se méfie un peu des cadeaux de Tante Louise. Il a déjà vécu plusieurs fois des aventures étranges, bizarres et parfois terribles à cause de ces fameux cadeaux venus d'Amérique du Sud et que la tante Louise achète à prix d'or chez des sorciers.
Découvre ou relis : La plante de Tante Louise, B.F.19, Le savon de Tante Louise, B.F.11, La pâte à modeler de Tabatunga, B.F.49.
Mais son audace et l’idée qu’ils seraient à eux deux l’emporta. Il sonna chez elle quelques instants plus tard.
Béatrice l'emmena dans sa chambre et lui montra la lettre et les pots de couleurs. Elle ouvrit la fenêtre toute grande. La porte n'était pas fermée. Elle posa le pot de bleu par terre contre l'armoire, sans son couvercle.
La fillette voulait devenir un chat. Elle prit du noir. François opta pour le chien et choisit le blanc. Ils étalèrent un petit anneau de peinture autour de leurs chevilles et puis autour de leurs poignets. Ils terminèrent par le cou et se changèrent aussitôt en un ravissant chat noir, Béatrice, et un charmant petit chien blanc, François.
Si tu as bien écouté ou lu mon histoire, tu as sans doute remarqué qu'ils ont oublié de prévenir les parents…
D'abord ils s'amusèrent dans la chambre de notre amie. Ils bondissaient sur le lit, se précipitaient sous les armoires, sautaient sur la table et les chaises. Ils se poursuivaient joyeusement. Ils se trouvaient beaucoup plus souples et beaucoup plus rapides qu'en enfants.
Ils conservaient leur esprit, leur intelligence de garçon et de fille, malgré la métamorphose. Cependant Béatrice ne pouvait plus que miauler et François parlait en aboyant uniquement.
La porte de la chambre était entrouverte. Ils se lancèrent dans le couloir et jouèrent dans les escaliers. Ils couraient vers le grenier, puis redescendaient. Quel bonheur ! Quelle rapidité à quatre pattes. Que c'était amusant !
Puis, apercevant la porte de la cuisine ouverte, ils filèrent tous les deux vers le jardin. Ils s'amusèrent dans l'herbe et sous les plantes, puis justement, ils jouèrent à chat. Parfois, Béatrice, le chat, s'accrochait avec ses griffes au tronc d'un arbre. François, le chien, tentait de l'attraper en sautant, et ainsi de suite.
Lequel des deux eut l'idée d'aller à la plaine de jeux ? Je ne pourrais le dire. Mais ils trouvèrent cette idée lumineuse et s'y précipitèrent. Ils y arrivèrent en quelques minutes, alors que d'habitude, ils mettent bien plus d'un quart d'heure pour s'y rendre à pied.
Ils jouèrent sur le toboggan. Béatrice, le chat noir, grimpa sans difficulté tout en haut de l'échelle puis se laissa glisser sur ses pattes. Oh! c'était génial ! François, le chien blanc, eut plus difficile à monter à l'échelle mais réussit pourtant et glissa à son tour sur le toboggan. Vraiment très amusant! Les autres enfants présents arrêtèrent leurs jeux et regardaient, étonnés, ce chat et ce chien utiliser comme eux le toboggan.
François tenta de se placer sur une balançoire. Il sauta sur la planche et dégringola de l'autre côté en glissant. Il avait pris un trop grand élan.
Le carrousel leur parut moins drôle. Personne ne les poussait.
Ils s'amusèrent joyeusement dans la plaine de jeux pendant plusieurs minutes, puis revinrent à la maison. Il était temps de mettre la patte dans le pot de bleu et de redevenir des enfants.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la maison de la fillette, ils constatèrent que la porte de la cuisine était fermée. Toutes les portes d'ailleurs étaient fermées et malheureusement, les fenêtres du rez-de-chaussée aussi.
-Tant pis, dit Béatrice en miaulant. Je vais monter par la gouttière jusqu'à ma fenêtre. Je l'ai laissée ouverte. Puis je viens te chercher.
Mais le chat comme le chien arrivaient trop tard. Le papa de Béatrice venait d'aller dans la chambre et de fermer la fenêtre parce que la pluie s'annonçait par des nuages noirs.
-Zut, miaula Béatrice, comment allons-nous entrer dans la maison ? Tout est verrouillé. J'ai oublié de prévenir mes parents.
-Je crois que j'ai une bonne idée, proposa François. Je vais aboyer. Toi tu miauleras. Ils finiront bien par nous ouvrir.
-D'accord, répondit son amie. Risquons.
Se dirigeant vers la porte de la cuisine, François se mit à aboyer de toutes ses forces tout en sautant sur ses pattes. Béatrice miaula en se jetant sur la porte et en tentant de s'y accrocher avec ses griffes.
Après un instant, la maman de la fillette, occupée à créer un site internet pour un client, s'approcha de la porte, vitrée à sa partie haute.
-Chéri, dit-elle à son mari, un chat noir et un chien blanc font du raffut dans le jardin. L'un aboie tout le temps et l'autre est occupé à griffer la porte. Ils vont abîmer toutes les fleurs que j'ai plantées le long de la façade. Il faut les chasser.
Le papa ouvrit la porte, empêchant toutefois le chien blanc et le chat noir de passer dans la maison. Il tenta de les éloigner en les menaçant d'une grosse voix. Béatrice et François reculèrent. Le papa referma la porte à clé. Bien entendu, ils ne savaient pas que les deux enfants étaient devenus des animaux.
Nos amis continuèrent à aboyer, à miauler, à sauter de plus belle.
-Je vais appeler un refuge pour animaux, dit le papa. Ils vont venir les récupérer.
-Bonne idée, répondit la maman.
Un refuge est un endroit où l'on recueille les animaux. On les y enferme dans des cages. Certaines de ces maisons ressemblent à un agréable logis, mais d'autres, parfois, font songer à une prison.
Les deux amis, sans se douter de ce qui les attendait, firent encore plusieurs fois le tour de la maison dans l'espoir, hélas déçu, de trouver une entrée. François proposa d'aller chez lui, mais le pot de peinture bleue se trouvait chez Béatrice. Or ils en avaient besoin pour redevenir des enfants.
Quelques minutes plus tard, un camion s'arrêta devant la porte des parents de notre amie. Deux hommes en sortirent. Ils sonnèrent. Ils portaient un grand filet sous le bras.
-C'est chez vous le chien et le chat inconnus?
-Merci beaucoup d'être venus si vite. Regardez, ils courent encore dans le jardin.
-Bien, répondirent les employés du refuge. Fermez bien portes et fenêtres. Nous avons l'habitude. Laissez-nous faire.
Les deux hommes contournèrent la maison, lancèrent le filet et attrapèrent le petit chien blanc et le chat noir en même temps. Ils roulèrent nos amis dans le filet et les emmenèrent dans le camion vers le refuge.
Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans deux cages contiguës de la grande maison, avec d'autres chiens, d'autres chats, un hamster, deux lapins et quelques oiseaux.
François aboya bien fort derrière la grille qui l'enfermait. Il bondissait dans tous les sens dans sa petite cage. Béatrice faisait de même en miaulant.
Un gros chien leur dit :
-Arrêtez d'aboyer et de miauler comme ça. Vous allez effrayer les gens. Or, si aucune famille ne vous adopte, vous risquez fort de recevoir une piqûre et de mourir dans un mois ou deux. Vous feriez mieux de vous montrer bien sages au contraire. Faites semblant d'être gentils et très doux. Miaulez tendrement. Aboyez en pleurant. Vous verrez, vous serez peut-être choisis par des enfants. Vous trouverez un nouveau foyer.
Nos deux amis, bien ennuyés, songeaient à leurs parents qui devaient être inquiets…
Au soir, la maman de Béatrice téléphona aux parents de François. Les uns comme les autres n'avaient pas revu leurs enfants. Ils avertirent la police et plusieurs équipes se mirent à la recherche d'un garçon et d'une fille. Ils ne les repérèrent bien sûr pas, puisqu'il n'y avait pas de garçon ni de fille à trouver, mais un petit chien blanc et un chat noir qui pleuraient dans leur cage.
La nuit tomba lentement sur la ville. On leur apporta à manger mais notre amie n'aimait pas du tout les croquettes pour chat et son copain encore moins celles pour chien.
Béatrice passa sa patte entre les barreaux de sa cage. François posa la sienne sur celle de son amie. Et tous les deux en pleurant songèrent à leurs familles et à leurs maisons. Les reverraient-ils un jour?
Le lendemain, le gardien du refuge arriva accompagné d'un homme assez fort et barbu.
-Si je comprends bien monsieur, vous cherchez un bon chien de garde, un chien qui aboie bien fort.
-Exactement, répondit l'homme.
-C'est parfait. Nous avons attrapé hier ce petit chien blanc. Ce matin, il est un peu calmé, mais je crois qu'il vous conviendra très bien.
-Mon Dieu, miaula Béatrice, tu risques d'être adopté, François, et moi, je resterai ici toute seule. Tu partiras quelque part et moi je vivrai dans un autre foyer. On ne se verra plus. Ça je ne le voudrais jamais!
Nos amis chien et chat, très inquiets, craignaient à présent d'être séparés. François inclina sa tête et lança un aboiement très doux et tout triste.
-Non, dit l'homme, ce petit chien blanc ne me paraît pas assez impressionnant. Il semble trop gentil. Je préfère le gros qui se trouve là en dessous. Il me convient tout à fait. Je l'emmène.
Et le gros chien partit avec l'homme.
-Adieu mes amis, et bonne chance à vous, dit-il en sortant très heureux avec son nouveau maître.
Une heure plus tard, le gardien revint accompagné par une famille. Le papa, la maman, un garçon qui semblait avoir six ans et sa petite sœur d'environ quatre ans. Le garçon s'appelait Paul et la fille Virginie.
-Tu es bien décidé, Paul, insista la maman. Pour ton anniversaire, tu veux un petit chat comme cadeau.
-Oui, maman, dit le garçonnet en souriant, vraiment. Je voudrais un chat, un noir, si possible. Oh! celui-là! Regarde comme il est mignon.
Paul indiqua Béatrice.
-Tu vas partir sans moi... murmura François…
-Peut-être, soupira son amie. J'ai très peur. Mais que faire?
-Oui maman, ce petit chat-là. Celui qui se trouve dans la cage, à gauche, le tout noir.
François le chien blanc se mit à japper et à aboyer gentiment. La petite sœur de Paul observait notre ami.
-Je voudrais aussi avoir un animal. Je voudrais le chien blanc, celui dans la cage, là. Il est amusant et joyeux.
-Non ma chérie, dit la maman. Ce n'est pas ton anniversaire. Chacun son tour. Aujourd'hui nous prenons le chat noir, pour ton frère.
La petite fille se mit à trépigner, à pleurer, à donner des coups de poing dans les jambes de son papa.
-Je veux le petit chien blanc, je veux le petit chien blanc.
-Vas-y, murmurait François, en langage de chien malheureusement. Insiste, roule toi par terre, c'est ça. Crie ! Tu finiras par obtenir satisfaction.
La fillette fit une grande scène de colère et de larmes.
Le papa et la maman, sans doute pour avoir la paix, acceptèrent d'emporter les deux animaux.
-Vous faites bien, ajouta le gardien. On les a attrapés ensemble hier. Ils se connaissent. Le chien ne poursuivra pas le chat et le chat n'embêtera pas le chien.
Nos amis se retrouvèrent dans une cage bientôt mise dans le coffre d'une auto.
Après un quart d'heure, on les sortit du véhicule et ils découvrirent une jolie maison. Les parents introduisirent la cage dans le hall d'entrée et refermèrent la porte d'entrée avec soin.
-Écoutez bien, Paul et Virginie, dit le papa. Il faut veiller à ce que les portes et les fenêtres restent bien fermées. Vos animaux ne sont pas habitués à notre maison. Si vous laissez une porte ou une fenêtre ouverte, ils risquent de s'enfuir et vous ne les reverrez plus. On va les laisser s'adapter un mois et puis, ils pourront sortir tout seuls.
-Mais mon chien doit se promener, fit remarquer la petite Virginie.
-Nous le sortirons, mais on lui mettra un collier et on le tiendra en laisse.
-Un collier, une laisse ! s'écria François en aboyant. Je voudrais bien voir ça ! Le premier qui essaie de me passer un collier ou de me tenir en laisse, je le mords, menaça le garçon-chien.
-Quant à ton chat, Paul, ajouta la maman, nous allons lui passer un collier anti-puces autour du cou.
-Je n'ai pas de puces, miaula Béatrice, outrée, scandalisée. Pas question que je garde un collier à puces autour du cou.
Mais personne ne demanda l'avis de nos amis. Heureusement la famille semblait sympathique et la maison agréable. Mais combien de temps faudrait-il y vivre… avant de redevenir des enfants et de retrouver les parents.
Pendant la journée, le papa et la maman partaient travailler. Paul et Virginie se rendaient à l'école. Béatrice, un chat et François, petit chien restaient seuls dans la maison.
Ils firent plusieurs fois le tour de toutes les chambres. Ils se baladèrent dans toutes les pièces, vérifièrent toutes les portes, toutes les fenêtres, mais aucune ne convenait pour fuir. Ils fouillèrent les caves et le grenier. Ils découvrirent une petite ouverture dans le hall, mais elle était grillagée. Ils ne pouvaient pas passer par là.
Nos deux amis, bien déçus, attendirent le retour des petits maîtres.
Pendant cette même matinée, la maman de Béatrice entra dans la chambre de notre amie, les yeux pleins de larmes. Elle aperçut le pot de peinture bleue sur le tapis, contre l'armoire.
-Ma chérie, murmura la maman. Je devrais te gronder. Tu laisses traîner tes affaires… Mais si je te revois, je n'aurai pas le courage de te punir.
Elle ramassa le pot de bleu et revissa le couvercle avec soin. Elle le posa sur la table. Là, elle remarqua une lettre signée par sa sœur, Louise.
-Ma chère nièce. Je te souhaite un heureux anniversaire. Voici quelques pots de couleurs… Ces peintures peuvent te changer en animal…
-Papa, s'écria la maman. Je comprends tout! Béatrice et François ont joué avec le cadeau de Louise et sont devenus un chien blanc et un chat noir. Souviens-toi, sans doute ceux qui voulaient entrer par la porte arrière et qu'on a confiés à ce refuge.
Les parents, pleins d'espoir, téléphonèrent aussitôt à l'institution pour animaux mais nos deux amis n'y étaient plus. Les gardiens n'avaient plus le téléphone ni l'adresse de la famille qui avaient adopté les deux animaux. Une erreur de manipulation les avaient effacés de leur ordinateur…
Les parents avertirent les policiers afin qu'ils cherchent un chien blanc et un chat noir, au lieu de deux enfants, à présent. Hélas, des chats noirs et des chiens blancs, il y en a beaucoup...
Au soir, Paul s'assit à sa table, pour finir son devoir de calcul. Il caressait son chat d'une main et écrivait dans son cahier de l'autre :
3+2=?
Béatrice, petit chat, tapa cinq fois avec sa patte.
5 !
-Très bien, dit Paul.
Il écrivit le chiffre dans son cahier.
6-3= ?
Béatrice leva trois fois sa patte droite.
3 !
-Ah bon.
Et Paul écrivit un 3. Puis, il posa son stylo et regarda son chat.
-Tu sais compter ! Ça alors !
Le garçon se leva, ouvrit la porte de sa chambre et appela ses parents.
-Papa, maman. Mon chat sait compter.
Prenant le chat dans ses bras, il descendit l'escalier et le posa sur la table du salon. François, le chien blanc s'approcha. Tous deux regardaient leurs maîtres, grands et petits.
-Ils peuvent compter, tu es sûr, Paul ? demanda un des parents. Attends : 2+2 ?
Ensemble, Béatrice et François frappèrent quatre fois la table avec leurs pattes.
-Incroyable! dit la maman.
-Extraordinaire! admira le papa. Ce doit être des animaux savants. Ils se sont sans doute échappés du cirque qui passe pour le moment dans notre ville. On va les y conduire.
-Ah non, lança François en aboyant. Je ne veux pas jouer au chien savant devant tout le monde.
-Et moi, ajouta Béatrice en miaulant, je n'ai pas envie de devoir monter à cheval ou de faire des cumulets sur le dos d'un lion. Pas question !
Mais tout à coup Béatrice eut une idée qui les sauva tous les deux.
Elle sauta de la table du salon, courut sur le tapis, monta sur le guéridon où se trouvait un téléphone un peu ancien et d'un coup de patte bien placé, elle décrocha, faisant tomber le cornet par terre. Puis, appuyant sur les touches avec sa patte, elle forma le numéro de téléphone de ses parents :
0476 72 41 07
Ça sonnait dans le cornet. Bien entendu, Béatrice ne pouvait pas parler. Le papa de Paul et Virginie saisit l'appareil et entendit :
-Allo?
-Bonjour Madame. Excusez-moi de vous déranger. Notre chat, tout à fait intelligent, a sauté sur le téléphone et vient de former votre numéro avec sa patte. Pardonnez-moi de vous avoir dérangée.
-S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'écria à l'autre bout du fil la maman de Béatrice. Je vous en prie, ne raccrochez pas. Ce doit être ma fille devenue un chat. S'il vous plaît, laissez-moi votre adresse. Je vous expliquerai.
Quelques minutes plus tard, les parents de François avec Olivia et Amandine, les petites sœurs de notre ami, les parents de Béatrice avec le bébé Nicolas dans les bras, arrivèrent avec une policière chez Paul et Virginie. La maman de notre amie, suite à la lecture de la lettre de Tante Louise, avait eu la bonne idée d'emporter le pot de peinture bleue.
Ils entrèrent dans la maison et virent le petit chien blanc et le chat noir courir vers eux.
La mère de notre amie ouvrit le pot de bleu. Le chat mit sa patte noire dans la peinture et redevint une fillette, avec un peu de bleu au bout des doigts.
Le chien trempa sa patte blanche à son tour dans le pot de bleu et apparut sous les traits du garçon avec un peu de bleu sur le pouce.
Ils embrassèrent tendrement leurs parents et remercièrent ceux de Paul et de Virginie, si gentils, de les avoir bien traités.
La famille de Paul et Virginie retourna au refuge le lendemain chercher un autre chien et un autre chat, des vrais cette fois-ci.
La maman de Béatrice confisqua les pots de peinture. Tante Louise, appelée au téléphone, expliqua que le jaune permettait de devenir une girafe et le rouge un oiseau…
Mais ça, c'est pour une autre fois, peut-être, si Béatrice récupère les pots de peinture.
Découvre vite la suite de ce passionnant récit : Le rouge et le jaune, au numéro 4 de la zone Béatrice et François.