N°20
Juliette jouait au jardin avec ses deux poupées. De l'autre côté de la haie, le voisin coupait son herbe. On entendait le ronronnement du moteur de la tondeuse.
Tout à coup, un petit chat roux passa la tête entre deux plants de la haie. Il regarda à gauche, à droite, puis il courut vers notre amie.
Elle le connaît. C'est celui de Jeanine, sa copine qui habite la maison juste à côté. Il s'appelle Tiouli.
D'abord, Juliette en eut un peu peur. Elle a trois ans et demi. Ce petit tigre qui bondissait dans l'herbe vers elle ne la rassurait pas. Mais il s'assit devant elle. Il tremblait et miaulait, effrayé. Elle le prit sur ses genoux.
- J'ai peur, dit le petit chat.
- De quoi as-tu peur ?
- De la tondeuse à gazon.
- Une machine qui coupe l'herbe ne coupe pas les petits chats !
- Je pense à mes moustaches, précisa Tiouli.
- Rassure-toi. Ne crains rien pour tes précieuses moustaches, dit notre amie en le caressant.
- Tu es gentille, miaula le petit animal. Viens avec moi. Suis-moi. Je voudrais te montrer quelque chose.
Juliette se leva et accompagna le chat qui fila comme une flèche.
- Attends, cria la fillette. Je ne cours pas aussi vite que toi. Je n'ai pas quatre pattes, moi.
Ils arrivèrent au fond du jardin. Notre amie poussa la barrière.
Ils traversèrent la prairie en fleurs et s'arrêtèrent pas loin du ruisseau qui coulait entre les herbes hautes.
- C'est encore loin ?
- Non, répondit Tiouli. Je te conduis juste là, à la cabane en planches.
Juliette s'approcha d'une vieille petite maison en bois, avec un toit en pente couvert de feuilles mortes. Trois marches d'escalier menaient à une porte, en bois elle aussi. Cette porte était fermée.
Le chat fit le gros dos sur la troisième marche et miaula trois fois.
- Pousse la porte et entre.
- Ça me fait un peu peur, avoua la fillette.
- Tu ne verras personne à l'intérieur, mais un petit cadeau t'y attend.
Encouragée par les explications de Tiouli et un peu rassurée, Juliette ouvrit et fit deux pas dans la cabane.
Elle vit d'abord plein de poussière. Dans un coin, pendait une toile d'araignée. Mais par terre, traînait une poupée.
- Oh! s'écria notre amie en la ramassant. Comme elle est jolie!
- Un cadeau pour toi, dit Tiouli.
- Merci beaucoup, fit Juliette. Je vais bien la soigner.
Ils revinrent vers la maison en traversant la prairie aux fleurs. Le soleil brillait et les oiseaux chantaient.
Notre amie serrait sa poupée dans ses bras. Elle lui parlait.
- Pauvre petite! Tu as dû te sentir bien seule dans cette cabane. Je me demande qui t'a laissée là et pourquoi.
Le chat courait après les abeilles et les sauterelles vertes dans l'herbe.
Ils entrèrent dans le jardin.
Juliette s'assit près de la haie et joua un moment avec sa nouvelle poupée.
- Je vais te trouver un nom. On doit toujours donner un nom à ses poupées.
- Je retourne chez moi, annonça Tiouli. L'herbe est coupée et la tondeuse rangée dans la remise.
- Au revoir, lança la fillette. Et merci pour ton cadeau.
Le petit chat partit.
- Tu as trouvé ma poupée ? demanda une voix derrière notre amie.
Juliette se retourna. Une petite fille la regardait par un trou de la haie. Notre amie reconnut Jeanine. Elle habite la maison à côté avec son papa, sa maman et Tiouli.
- Ton chat me l'a donnée. Elle traînait toute seule à terre dans une cabane en planches, là-bas, près du ruisseau.
- C'est ma poupée. Je la cherchais partout.
- Tu l'avais oubliée dans la maison en bois... Mais viens, proposa Juliette. On va jouer à deux. Toi, tu seras le papa, et moi, la maman.
Jeanine entra dans le jardin et s'assit dans l'herbe près de son amie.
- Regarde, dit soudain Juliette. Il y a quelque chose dans le sac à dos de ta poupée. Oh! Une bague!
Elle la glissa à son doigt et observa l'anneau d'argent surmonté d'une petite souris grise.
Les deux filettes se la passèrent à tour de rôle.
- Je crois que cette bague appartient à ma maman, dit tout à coup Jeanine. Viens, dit-elle en se levant. Suis-moi.
Les deux amies se faufilèrent à quatre pattes par ce passage dans la haie qui sépare les jardins.
- Maman, appela Jeanine.
- Oui, ma chérie.
Juliette vit le chat. Il dormait sur un fauteuil du salon.
- Maman, répéta Jeanine. Mon amie a retrouvé ma poupée grâce à Tiouli, dans une cabane, près du ruisseau. Je ne savais plus où je l'avais laissée. Et regarde ce qu'elle a découvert dans le sac à dos.
La fillette donna la bague à sa maman, qui aussitôt la glissa à son doigt.
- Quel bonheur! dit-elle. Papa me l'a offerte voilà bien longtemps. Je croyais l'avoir perdue. Merci les filles! Venez manger une galette et boire une tasse de chocolat.
Par la fenêtre ouverte on entendait chanter les oiseaux.