N°2
-Patricia, je ne pourrai pas venir te chercher tantôt après la classe. Tu prendras Mickaël et vous reviendrez à pied à l'appartement. Elodie est malade et j'ai rendez-vous chez le pédiatre juste à trois heures et demie, quand tu sors de l'école. N'oublie pas la clé.
Patricia a onze ans et Mickaël, six. On fêtera bientôt le premier anniversaire d'Elodie, un ravissant bébé-fille.
-D'accord, maman. Compte sur moi.
Quelques heures plus tard, notre amie se trouvait en rue, marchant d'un bon pas vers chez elle.
-Zut, dit-elle soudain. Mickaël!
Elle revint sur ses pas. Le petit garçon attendait sa sœur au milieu de la cour de récréation.
-Tu m'as oublié. Je le dirai à maman.
-Mais non, je ne t'oublie pas, lança la jeune fille en souriant, puisque je suis là. Allez, viens.
Ils retournèrent en rue.
Ils longeaient une large avenue. Une dizaine de ruelles à traverser et ils arriveraient chez eux. Ils parvinrent au croisement avec le boulevard qui mène au port. La ville qu'ils habitent se situe au bord de la mer.
Patricia attendait que le signal piéton autorisant à traverser passe au vert. Elle entendit un coup de feu, en face. C'était le siège d'une grosse agence bancaire.
Un homme parut sur le seuil, sortant du bâtiment. Il tenait un révolver au poing. Il se tourna et tira deux fois derrière lui. Puis il se mit à courir. On entendait les sirènes de voitures de police se rapprocher à toute allure.
-Vite, dit Patricia à Mickaël. Glisse-toi dans ce passage, là, entre les murs.
Elle venait de repérer une étroite venelle entre des maisons. Ils s'y réfugièrent. La fillette serrait son petit frère devant elle en croisant les bras sur sa poitrine. Elle observait l'entrée de la banque où deux hommes apparurent.
Trois voitures de police s'arrêtèrent. Leurs feux clignotaient. Des policiers sortirent des véhicules, armés de fusils, et se mirent en position de tir. Mais l'homme avait disparu.
Soudain, Mickaël se tourna vers sa sœur. Le petit garçon se raidit.
-Patricia, l'assassin est juste derrière toi...
La jeune fille se retourna. Le bandit, qu'elle venait d'apercevoir un instant plus tôt à la sortie de la banque, se trouvait à présent derrière elle, arme au poing. Notre amie sentit un vent de panique l'envahir.
-Tu vas me donner la main, dit le malfrat et je prendrai ton petit frère dans l'autre. Je range mon révolver dans ma poche. Mais je suis prêt à le reprendre si vous cherchez à vous enfuir ou si vous criez. Nous allons passer le barrage de police ainsi, comme un gentil papa qui ramène ses deux enfants de l'école.
Patricia avait trop peur pour oser répondre.
-Si l'un de vous deux fait quoi que ce soit en présence des policiers, je tire sur lui. Maintenant, avancez.
Seule, notre amie aurait tenté quelque chose. Mais avec son petit frère, elle n'osa pas. Elle passa, la mort dans l'âme, le barrage de police. Son regard était certes suppliant, mais les hommes se concentraient sur l'entrée de la banque.
Le voleur leur fit suivre le boulevard qui mène au port. Ils atteignirent le bord de mer après un quart d'heure de marche silencieuse. Ils longèrent un entrepôt puis passèrent le long des quais. Mickaël avait les larmes aux yeux, à présent. Ils dépassèrent plusieurs grands bateaux que des grues chargeaient ou déchargeaient.
L'homme ralentit puis s'arrêta en vue d'un imposant porte-conteneur. Il mesurait une centaine de mètres de long. Le bloc cabines et poste de commande, peint en blanc, comportait cinq étages. Patricia lut : « Santa Maria ». Comme le bateau de Christophe Colomb, songea la jeune fille.
-Prends ton petit frère par la main et monte la passerelle qui conduit sur ce navire. Tu apercevras un escalier qui mène aux étages. Place-toi juste en-dessous et ne bouge pas. Si tu essaies de fuir, je ne tirerai pas sur ton petit frère, mais sur toi. J'arrive dans trois minutes.
Patricia emprunta la passerelle en donnant la main à Mickaël. Ella arriva sur le pont, qui était désert, et se glissa sous les marches de l'escalier. Le voleur les suivait des yeux. Il resta immobile quelques instants, regardant autour de lui avec soin, puis il rejoignit les enfants.
-Suivez-moi.
Il les conduisit à l'arrière du navire. Trois canots de sauvetage peints en blanc étaient accrochés là, chacun couvert d'une bâche brune retenue par une corde qui en faisait le tour. L'homme défit un nœud et leva un coin de la bâche.
-Entrez là-dedans, dit-il, et n'en sortez pas. Je viendrai tantôt et je vous apporterai à boire et à manger.
Il remit la bâche par-dessus nos amis et refixa la corde avec un nœud. Puis il s'éloigna.
Mickaël pleurait à chaudes larmes.
-Patricia, quand allons-nous retourner chez papa et maman ?
-Je n'en sais rien, répondit la grande sœur, mais arrête de pleurer. On va s'en sortir. Et de toute façon je ne t'abandonnerai jamais. Je reste à tes côtés.
La nuit tombait quand l'assassin revint.
-Voici des biscuits et de l'eau, dit l'homme. Ne bougez pas de là. Si vous restez dans ce canot, il ne vous arrivera rien.
Le voleur remit la bâche et s'éloigna.
Patricia ouvrit le paquet. Il contenait douze biscuits.
-Manges-en autant que tu veux, Mickaël. Et bois de l'eau.
Le petit garçon croqua neuf biscuits. Il n'en restait que trois pour la grande sœur, mais elle ne dit rien. Elle ne voulait pas que son petit frère ait faim.
Puis, comme la nuit était tombée, elle ôta sa veste et la roula en boule.
-Mets ta tête là-dessus et essaie de dormir, dit-elle. Je veille sur toi.
Brisé par les émotions, le petit garçon ne tarda pas à se calmer et à s'assoupir.
Patricia glissa ses doigts à l'extérieur, le long de la corde qui retenait la bâche et réussit à défaire le nœud. Elle sortit doucement du canot et regarda autour d'elle.
Ce qu'elle aperçut lui glaça le sang. Le bateau se trouvait en pleine mer. Les lumières du port et de la ville où elle habitait éclairaient l'horizon, derrière elle.
-Mon Dieu, dit-elle tout haut. Où allons-nous ? Qu'allons-nous devenir ?
À son tour, elle sentit des larmes couler le long de ses joues. La tour blanche de cinq étages avec les cabines et le poste de pilotage était éclairée. La jeune fille frissonna.
Elle retourna dans le canot et remit la bâche et la corde au-dessus d'elle tant bien que mal. Elle se coucha près de son petit frère et finit par s'endormir.
Le soleil se levait quand elle ouvrit les yeux.
-Ne bouge pas, Mickaël, dit-elle, je vais voir où on est.
Notre amie sortit du canot. Partout, jusqu'à l'horizon, on ne voyait que la mer.
-Où sommes-nous ? se demanda-t-elle à voix haute. Réfléchissons. Le soleil se lève à l'Est. Il se trouve derrière moi. Donc nous allons vers l'Ouest. On va en Angleterre ! Non, on y serait déjà arrivés. Les côtes de ce pays ne sont pas loin. Zut, j'aurais dû être plus attentive au cours de géographie. On va plus loin... Mais plus loin, c'est l'Amérique ! On va vers l'Amérique. Je ne reverrai jamais mes parents...
-On est où ? demanda Mickaël qui venait de se redresser et passait la tête de sous la bâche.
-Je ne sais pas, répondit Patricia. Mais retournons dans le canot. L'homme va nous apporter à manger.
Les heures passaient. Le bandit ne venait pas. Les deux enfants avaient faim, surtout Patricia qui n'avait presque rien avalé depuis la veille à midi.
La jeune fille sortit du canot.
-Attends-moi sagement. Je reviens. Je vais tâcher de trouver quelque chose à manger.
Elle marcha vers le bâtiment principal, cette construction de cinq étages où se trouvaient les cabines, les cuisines, le réfectoire et, en haut, le poste de commandement. Elle entra dans une cuisine et aperçut un pain entier. Elle le prit, ainsi qu'une bouteille d'eau, et retourna au canot près de son frère.
Ils partagèrent le repas puis attendirent le soir. Toujours rien. L'homme ne vint pas.
Peut-être qu'il n'est plus sur ce bateau, songea Patricia.
De nouveau elle sortit à la nuit tombée, pour chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Elle entra dans la cuisine, mais fut surprise par un cuistot qui l'empoigna avec force et lui fit monter une volée d'escaliers, ce qui l'amena devant le commandant du grand navire.
-Ce rat rôde dans ma cuisine, commandant. Que dois-je en faire ? Je la jette à la mer ? Je l'enferme dans mes frigos ?
-Que fais-tu sur mon bateau ? demanda l'officier supérieur.
Patricia regarda autour d'elle, mais ne vit pas l'assassin. Elle raconta toute son aventure aux hommes qui se trouvaient là.
-Le bandit se cache quelque part sur notre navire, affirma le commandant.
Il ouvrit un tiroir fermé à clé et en sortit un révolver chargé. Il le confia à son second.
-Rassemble tous les hommes et trouvez cet assassin. Fouillez les cales, les cabines, les couloirs, tous les endroits accessibles, et amenez-le ici. Toi, viens avec moi, dit-il à Patricia, on va chercher ton frère. Officier radio, ajouta-t-il, contactez la police du continent.
Quelques minutes plus tard, nos amis se retrouvèrent ensemble au cinquième étage. L'officier en second arriva.
-Nous avons fouillé le navire, commandant. De bas en haut et de haut en bas, de la proue à la poupe, de tribord à bâbord, sans oublier les conteneurs accessibles. L'homme demeure introuvable. Je pense qu'il n'est plus à bord.
-J'ai la police de la ville que nous avons quittée hier, dit l'officier radio. Ils confirment le récit de la jeune fille. Une banque a été attaquée. Le voleur, l'assassin, a tué un caissier et s'est enfui. D'autre part, deux enfants de onze et six ans ont été kidnappés. Les enquêteurs n'avaient pas fait le lien entre les deux affaires. Les parents des deux enfants arrivent. Ton frère et toi allez pouvoir leur parler, ajouta-t-il en se tournant vers nos amis.
Quel bonheur pour Patricia et Mickaël de mettre des écouteurs et d'échanger quelques mots rassurants avec leurs parents.
Puis le commandant expliqua qu'il ne pouvait pas faire demi-tour. Il se rendait aux Etats-Unis avec une importante cargaison dont la livraison ne pouvait souffrir aucun retard.
-Vous retrouverez vos enfants dans le port de New York dans quatre jours, dit-il. Je vais leur libérer une chambre et ils vont profiter d'une croisière à l'œil, ajouta-t-il en souriant.
Patricia et son frère passèrent deux jours merveilleux à bord du grand navire. Ils reçurent la permission de se promener partout.
Souvent ils se trouvaient au poste de pilotage, au cinquième étage du bâtiment, où la vue paraît infinie. Mickaël put plusieurs fois tenir la barre du grand bateau. Il était très fier de conduire le navire.
Notre amie adorait s'arrêter tout devant, à la proue. On y voit l'eau fendue par la coque former une vague énorme. Près des ports, les mouettes en profitent pour pêcher dans les remous. Deux ou trois fois, elle aperçut des dauphins qu'elle montra à son frère.
Le matin du troisième jour, les deux enfants se trouvaient à l'avant du bateau. Mickaël se retourna pour indiquer quelque chose qu'il avait aperçu au loin. Le petit garçon se figea de peur et dit à sa sœur :
-Patricia, l'assassin est juste derrière toi...
L'homme se tenait près d'eux. Nos amis ne l'avaient pas entendu arriver. La grande sœur comprit, en voyant sa tenue qu'il faisait partie de l'équipage. On ne l'avait pas trouvé lors des recherches car il s'était joint aux autres pour fouiller, puisqu'il était l'un d'eux, ce dont aucun ne se doutait.
- Écoute-moi bien, dit-il. Tu ne parles de moi à personne, pas même au commandant. Si tu me dénonces, on m'enfermera dans la cabine-prison du bateau. Mais j'ai un complice à bord. Tu ne le connais pas. Il viendra me délivrer et je te règlerai ton compte. Je ne ferai pas de mal à ton petit frère, mais toi, je n'hésiterai pas à t'abattre.
L'homme s'en alla.
Patricia, de nouveau, se demanda pourquoi elle seule était menacée par l'assassin. Ce fut comme si une chape de plomb tombait sur elle.
Dès cet instant, nos deux amis ne se sentirent plus en sécurité. Ils redoutaient de croiser le bandit à chaque instant. Ils craignaient sans cesse de le rencontrer dans les couloirs ou sur le pont du bateau. La présence de cet homme dangereux à bord les serrait comme un étau.
Au soir, une tempête se leva. Cela n'incommoda guère ce grand navire. Le tangage et le roulis étaient un peu plus marqués, la proue déchira la crête des vagues un peu plus fort, mais le bateau poursuivit sa route, imperturbable.
Les matelots se répartissaient en quatre équipes, et au soir, chacun rejoignit la cantine à tour de rôle. Tous s'asseyaient à la même table. Les repas s'enchaînaient à la suite l'un de l'autre.
Notre amie se trouvait en face du commandant, de l'officier radio et du chef cuistot. Mickaël prit place à sa gauche. Le reste de la table demeurait libre pour l'instant.
Une équipe entra se restaurer. L'assassin se trouvait parmi eux. Il s'assit sur la seule chaise libre restante, à côté de Mickaël.
Le visage du petit garçon se figea de peur. Il se leva et vint près de sa sœur.
-Je ne veux pas rester assis à côté de lui, dit-il. C'est lui le méchant.
Le commandant dégaina son révolver pendant que les hommes présents immobilisaient le bandit.
-Conduisez-le dans la cellule prison du bateau et apportez-moi la clé.
Dès qu'il fut parti, Patricia demanda à parler en privé au capitaine. Elle expliqua alors que cet homme avait un complice sur le navire, mais qu'elle ne savait pas qui.
Le commandant posa sa main sur le bras de Patricia pour la rassurer.
-Je traverse les mers avec mon second depuis vingt ans. Je le considère comme un frère. Tu n'as rien à craindre de ce côté. Le chef cuistot et mon officier radio sont des amis. Je leur fais confiance. Les autres, je ne sais pas. Nous resterons prudents.
Les matelots qui avaient emmené l'assassin en cabine-prison, revinrent à la cantine. Ils remirent la clé de la cellule au commandant qui la confia au chef cuisinier.
-Tu iras toi-même porter les repas au prisonnier. Nous le livrerons à la police de New York en arrivant. Ton frère et toi n'avez plus rien à craindre, à présent, dit-il à notre amie. Demain après-midi, vous retrouverez vos parents.
À trois heures de l'après-midi, le soleil brillait au-dessus des buildings de Manhattan. Le bateau venait de passer sous le pont Verrazano qui ferme la baie de New York.
La grande sœur, appuyée au bastingage à l'avant du navire, montrait l'imposante statue de la liberté à Mickaël. Ils naviguaient à deux cents mètres environ.
Le petit garçon se retourna et dit à sa sœur :
-Patricia, l'assassin est juste derrière toi.
L'homme venait d'arriver, révolver au poing.
Le chef cuisinier, très occupé à ranger sa cuisine avant l'arrêt au port, avait confié le plateau-repas et la clé de la cabine-prison à un collègue. Celui-ci s'était laissé convaincre par un autre matelot de lui confier la corvée. L'associé du bandit, hélas...
-Laisse la porte ouverte et donne-moi une arme, exigea l'assassin. Tu auras ta part de l'argent volé à la banque dès que je serai sorti d'ici.
Le reste avait été facile. Se faufiler sur le navire, éviter toute rencontre avec les marins et suivre Patricia et son frère jusqu'à l'avant du bateau.
-Vous allez me servir de bouclier, dit-il. Quand on accostera, nous sortirons ensemble et je vous libérerai dans les rues de la ville. Je ne ferai pas de mal à ton petit frère, et à toi non plus si tu m'obéis.
Mickaël, terrifié à la vue du bandit, escalada, pour se sauver, des caisses en bois rangées sur le pont du navire. Il se redressa pour sauter de l'autre côté et se cacher, mais il prit ses pieds dans des cordages. Cela le déséquilibra et le petit garçon tomba à l'eau, le long de la coque du bateau.
Patricia poussa un cri, puis, n'écoutant que son courage de grande sœur, plongea et se dirigea vers son frère qui se débattait, n'ayant pas encore appris à bien nager.
L'homme regardait.
Le commandant du navire avait aperçu la scène depuis son poste situé au cinquième étage du navire. Il fit aussitôt stopper les machines et lança un appel de détresse.
Le bateau continuait d'avancer, à vitesse réduite vers le port. Il longeait les deux enfants.
Notre courageuse amie rejoignit son frère et le plaça sur son dos. Mais elle était surprise par le froid de l'eau et gênée par ses habits et par les vagues et les remous causés par le bateau. À chaque mouvement, elle buvait la tasse et risquait de couler d'un instant à l'autre.
L'assassin, penché par-dessus le bastingage regardait. Il tremblait.
Sa vision se brouilla. Un instant, il ne vit plus le frère et la sœur.
Il se vit, âgé de dix ans, jouant avec son petit frère, le long du canal où ils habitaient avec leurs parents. C'était un hiver de gel et neige. Ils s'amusaient à glisser sur les flaques durcies par le froid. Soudain le petit percuta une borne et tomba à l'eau. Le canal était presque gelé. Des plaques de glace flottaient ici et là. Le garçon vit son frère se débattre puis couler. Et lui, le plus grand, immobile au bord du canal, paralysé par la peur, ne bougea pas. Les ronds de l'eau se refermèrent. Le petit avait disparu. Le grand, bourré de remords, n'avait rien tenté pour sauver son frère, noyé sous ses yeux.
Voilà sans doute pourquoi il répétait sans cesse à Patricia qu'il ne ferait aucun mal à Mickaël. Son inconscient confondait les deux enfants, celui disparu il y a vingt ans, et celui d'aujourd'hui, en train de se noyer sous ses yeux.
L'homme tremblait, envahi par l'émotion, appuyé au bastingage. Après un instant d'hésitation, il l'enjamba et plongea à son tour. Sauver cet enfant, c'était comme sauver son petit frère vingt ans plus tard. Il refit surface à côté de notre amie.
-Passe-moi le petit. Je ne lui ferai aucun mal.
Notre amie laissa faire. Elle n'en pouvait plus, épuisée. Déjà, deux vedettes de la police du port, alertées par l'appel de détresse lancé par le grand navire, arrivaient. Un yacht de milliardaire qui se trouvait tout près, s'approcha de Patricia et prit l'héroïque jeune fille à son bord.
L'assassin tenta d'atteindre l'île de la liberté toute proche avec le garçon sur le dos mais la première vedette de police le rattrapa et se chargea de Mickaël.
L'homme tenta de fuir en nageant encore, mais fut appréhendé par l'autre vedette.
Une heure plus tard, les deux enfants sains et saufs, retrouvèrent leurs parents qui les attendaient dans le port.
Le bandit fut emmené en prison. Son associé fut rapidement maîtrisé à son tour, au moment où il quittait le bateau.
Patricia resta trois jours à New York avec ses parents et son frère. Au tribunal, le juge chargé de l'affaire voulut entendre le récit de la jeune fille. Un interprète assermenté fit la traduction simultanée de son récit, notre amie ne parlant pas anglais.
Quand elle eut tout raconté en détails, elle s'arrêta un instant, puis s'adressant directement au juge, elle ajouta :
-Vous allez le condamner et le mettre en prison pour l'attaque de la banque et pour ce qu'il nous a fait. Mais n'oubliez pas, monsieur, il a plongé et nous a sauvés. Moi, j'étais en train de boire la tasse et de me noyer avec Mickaël sur mon dos. Cet homme nous a fait du mal, mais il doit y avoir quelque chose en lui, quelque chose de terrible et de bon à la fois. Soyez clément, donnez-lui sa chance.
Patricia remercia le commandant du grand navire pour son accueil et sa confiance, puis elle revint au pays avec Mickaël et ses parents.