N°25
Excursion
Venez passer une journée en mer
En compagnie d'un patron pêcheur
Béatrice remarqua l'affiche la première. Elle la montra à son copain François.
-Quelle bonne idée! dit le garçon.
-Ça promet une journée passionnante, renchérit son amie.
Elle se tourna vers son père.
-Papa, on peut aller une journée en mer François et moi ?
Nos amis étaient en vacances à la côte Belge. Béatrice y passait deux semaines avec ses parents et son petit frère, le bébé Nicolas. François, son meilleur ami, était invité pour la deuxième semaine.
-Vous n'avez que sept ans et demi tous les deux, répondit le père de notre amie. Mais je vais me renseigner.
Une heure plus tard, le marché était conclu. Le papa annonça aux deux enfants qu'il les conduirait demain au port de Zeebruges. Départ à sept heures du matin.
-Vous serez en mer jusqu'au soir.
On annonçait un temps magnifique.
Nos amis prirent pied sur le pont d'un petit crevettier, ces bateaux qui vont pêcher au large, mais restent en vue des côtes.
Le patron pêcheur, c’est comme ça qu’on appelle les responsables des navires de pêche, les accueillit avec un grand sourire.
-Vous avez emporté votre pique-nique de midi ? Parfait. Je fournis les boissons. Alors, en route. Les poissons nous attendent. Monsieur, vous pouvez venir rechercher vos enfants ce soir vers dix-neuf heures.
Le bateau quitta le quai, puis les eaux calmes du bassin du port. Des mouettes suivaient, lançant leurs cris et leurs rires à tous vents. Nos amis firent un dernier signe de la main au papa de Béatrice.
Ils ne savaient pas à ce moment qu'ils allaient vivre une terrible aventure.
Une fois en mer, bien loin des côtes déjà, le patron coupa son moteur et laissant le bateau dériver doucement dans le courant marin, quitta son poste de pilotage, une simple cabine sans porte. Il vint rejoindre les deux amis qui se tenaient au milieu du navire.
-Voilà, dit-il, nous allons commencer à pêcher. Suivez-moi à l'arrière.
Ils s'approchèrent d'une petite grue que l'on pouvait faire tourner de cent quatre-vingts degrés sur elle-même. Un cylindre retenait un câble enroulé terminé par un crochet auquel était fixé un long filet de pêche. À gauche du cylindre, se trouvait une manivelle en bois.
-Vous déroulez le câble en tournant la manivelle. Le filet va plonger dans l'eau. Moi, je remets le moteur en marche et je fais avancer le bateau. Après cinq minutes, vous manipulerez la manivelle dans l'autre sens pour sortir les poissons.
Nos amis écoutaient les explications, parfois interrompues par les cris des mouettes, impatientes que la pêche commence. Le marin poursuivit.
-Vous tournez ensuite la flèche de la grue vers le pont du bateau et vous posez le filet sur le sol. Il vous reste à répartir les poissons dans les caisses bleues et les crustacés dans les caisses rouges.
Béatrice et François se mirent aussitôt au travail avec joie. Ils plongèrent le filet une première fois. Le pêcheur retourna à son poste de pilotage et remit le moteur en route.
Toutes les cinq minutes, les deux enfants rebobinaient le câble puis rangeaient les poissons dans les caisses.
Ils continuèrent ainsi toute la matinée pour leur plus grand plaisir.
Vers midi, le patron apporta des canettes de limonade et nos amis s'assirent avec lui à terre, sur le pont du navire. Ils ouvrirent leur sac et entamèrent leur pique-nique, appuyés contre le bastingage.
Pendant qu'ils mangeaient, ils remarquèrent que le bateau bougeait de plus en plus. Le tangage et le roulis. Une forte houle s'installait peu à peu.
Se redressant, Béatrice remarqua que le ciel noircissait à l'ouest, vers l'horizon. Des nuages de pluie menaçaient.
-Oui, dit le pêcheur en se tournant vers eux. Un violent orage vient vers nous. Désolé les enfants, mais il faut interrompre notre partie de pêche et retourner vers le port de Zeebruges avant de se trouver au cœur de cette tempête imprévue.
Les premières gouttes tombèrent une demi-heure plus tard. Les vagues creusaient la surface de l'océan. Le bateau tanguait et le roulis se faisait de plus en plus sentir.
Un éclair déchira le ciel devenu obscur. Une pluie serrée s'abattit sur le malheureux navire. La tempête faisait rage à présent.
Le bateau n'obéissait plus. Il était devenu le jouet des bourrasques des vents violents. Des torrents d'eau venaient du ciel et arrosaient tout.
Nos deux amis n'en menaient pas large. Trempés par l'averse, glacés par la pluie, ils grelottaient sans veste, dans leurs t-shirts et leurs shorts et leurs tennis ruisselantes.
Surtout, le bateau, emporté par les courants déchaînés, penchait si fort que les vagues versaient à tour de rôle des paquets de mer par-dessus le bastingage.
Béatrice et François, terrorisés et mouillés jusqu'aux os se tenaient accrochés au mât de la grue à l'arrière du bateau.
Malades à cause du tangage et du roulis, ils venaient de vomir par-dessus bord leur repas de midi.
Le patron pêcheur leur fit un signe, puis les appela pour les inviter à s'abriter à l'intérieur du poste de pilotage. Mais nos amis n'osaient pas lâcher leur point d'ancrage, de peur d'être emportés par une lame balayant le pont.
Conscient que son bateau, devenu un jouet de l'orage, ne lui obéissait plus et qu'il était tout à fait inutile de tenter de le diriger vers la côte, le pêcheur quitta son poste et s'avança sur le pont pour venir chercher les deux enfants afin de les mettre à l'abri dans la cabine de commande.
Il avançait à pas prudents quand le navire soudain s'inclina plus fort au creux d'une lame démesurée. Un énorme paquet d'eau envahit le pont.
L'homme tomba en glissant sur les planches mouillées. Son corps roula, puis entraîné par la masse d'eau, il fut précipité par-dessus bord.
Béatrice et François, horrifiés et incapables d'entreprendre quoi que ce soit, virent une main et un bras du pêcheur se dresser une dernière fois à cinq ou six mètres de la coque du navire. Puis il disparut dans les flots.
Nos deux amis demeuraient seuls à présent, sur le bateau emmené à toute allure et balloté de gauche à droite au milieu de la furie de la tempête.
Cela dura un moment. Un long moment.
Les vagues de pluie se confondaient avec celles de l'océan. Le navire semblait devenu une coquille de noix, un brin de paille, filant dans la violence du vent et balloté par les lames.
Après un temps qui leur sembla durer une éternité, ils aperçurent un phare et des rochers que les vagues et les embruns blanchissaient de leur écume et couvraient de leur bave.
L'embarcation emportée par le courant filait droit vers cet îlot.
Béatrice et François ressentirent une forte secousse et entendirent un craquement épouvantable. Le bateau pencha de plus en plus vers tribord puis soudain, s'enfonça dans la mer.
Il reposait à présent couché sur le flanc, la coque de bâbord affleurait à la surface de l'eau.
Nos deux amis avaient pied, mais l'eau froide leur venait jusqu'au cou. Et quand une vague passait, elle couvrait leur tête de sa masse. Il fallait respirer entre deux lames.
S'aidant l'un l'autre, ils longèrent la coque engloutie et se dirigèrent vers le phare. Ils escaladèrent les rochers couverts d'écume et aperçurent une échelle en fer rouillé, dressée contre un mur de briques. Elle menait à une terrasse circulaire qui faisait le tour du phare au pied de celui-ci.
Béatrice et François se hissèrent sur cet espace. Là, au moins, ils étaient à l'abri des vagues.
Ils remarquèrent très vite une porte en fer, fermée par un cadenas, dont bien sûr, ils ne possédaient pas la clé.
Il faut savoir que ce genre de phare isolé en mer reste presque toujours désert. Une fois par mois, une personne ou deux y viennent en bateau. Elles se chargent de l'entretien du bâtiment.
Ils débarquent par beau temps, ouvrent la porte en fer, montent tout en haut vérifier la puissante ampoule qui éclaire la mer la nuit en tournant. Ils nettoient les vitres, donnent un coup de balai si nécessaire, puis repartent en refermant la porte d'entrée.
Il y avait donc peu de chances que nos amis rencontrent quelqu'un sur cet îlot.
-Si on pouvait entrer, dit Béatrice en grelottant. Il doit faire plus chaud à l'intérieur. Fichu cadenas.
-J'ai peut-être une idée, dit son copain plein d'espoir.
-Comment cela ?
-Un jour, mon père a réussi à ouvrir une malle au grenier, chez nous. Maman avait perdu la clé. Il a passé une barre de fer dans la boucle du cadenas et l'a brisé en tournant.
-Et où veux-tu qu'on trouve une barre de fer ?
-Au bateau. Il s'est fracassé dans les rochers. Je vois des débris flotter partout. Viens, allons voir. Nos habits sont quand même trempés.
La fillette frissonna, rien qu'à l'idée de retourner dans ce bain si froid, mais il fallait.
Les deux enfants redescendirent au bas de l'échelle et se glissèrent entre les rochers. L'eau leur parut bien plus fraîche que tantôt. Une vague les surprit et passa au-dessus de leurs têtes. Il s'avancèrent vers l'épave couchée sur un fond de pierres et de sable.
Ils plongèrent plusieurs fois pour explorer les restes du bateau et repérèrent assez vite ce qu'ils cherchaient. Une bonne barre d'acier détachée du bastingage.
Ils l'emportèrent et retournèrent à la porte en fer.
Ils n'eurent aucune peine à glisser la barre dans l'anneau formé par la boucle du cadenas et à le briser.
Ils entrèrent dans le phare.
Il y faisait tout noir.
Là, au moins, les deux amis se trouvaient à l'abri de la pluie. Le t-shirt et le short en jean trempés et collant à la peau, les sandales de toile imbibées d'eau de mer, ils entreprirent de gravir un escalier tournant accroché à la paroi intérieure du mur du phare.
Ils comptèrent septante-sept marches et arrivèrent à la chambre du haut. Ils y découvrirent une machine surmontée d'une énorme ampoule entourée de miroirs réfléchissants.
Un petit tableau électrique comportait plusieurs boutons dont un gros rouge et un gros vert.
Béatrice, curieuse, poussa sur le vert. L'ampoule s'alluma et se mit à tourner sur elle-même.
-Arrête ça, dit aussitôt le garçonnet. Ce n'est pas encore la nuit.
La fillette poussa sur le rouge et tout s'éteignit.
Une porte vitrée permettait de passer sur la terrasse. Ils y allèrent.
Le vent les surprit. Et les rafales de pluie. On ne voyait rien. Le paysage était bouché par la tempête qui semblait loin d'être finie. Ils se précipitèrent à l'intérieur et refermèrent la porte derrière eux. Il faisait vraiment trop froid là-dehors.
Les heures passaient, lentement.
Les deux amis commençaient à ressentir la soif et la faim.
La pluie cessa. La tempête s'éloignait et le ciel se dégagea. L'horizon rougissait au soleil couchant.
Ils repassèrent sur la terrasse du haut. Ils aperçurent un grand navire vers l'horizon.
Les deux enfants crièrent et agitèrent les mains. Mais inutile... On ne pouvait pas les voir de si loin. Ils retournèrent dans le phare.
-On trouvera peut-être à manger sur le bateau, dit Béatrice.
-Bien vu! Les caisses de poissons sont renversées, mais il reste sans doute des provisions dans la cabine de pilotage. Des canettes, une boîte en fer avec des biscuits, ou n'importe quoi. Allons voir.
-Mes vêtements commençaient à sécher, fit la fillette en soupirant.
Le garçonnet ôta son t-shirt et se mit pieds nus. Béatrice fit de même. Ils descendirent l'escalier et ouvrirent la porte en fer du bas.
Les vagues étaient encore fortes, mais il ne pleuvait plus. Ils entrèrent dans l'eau et se dirigèrent vers l'épave.
Hélas, ils eurent beau fouiller, plongeant à tour de rôle sous l'eau, ils ne découvrirent rien, sauf une caisse contenant douze bouteilles d'eau.
Ils en prirent chacun une et retournèrent au phare.
-Au moins, on ne mourra pas de soif, dit François avec humour.
-Pas drôle! Arrête! s'exclama Béatrice.
La nuit tombait.
-Je me demande quand on va venir nous chercher, dit la fillette.
-Ils croient peut-être qu'on est morts comme le patron pêcheur, pensa tout haut le garçon.
-Horrible, reprit son amie. On va rester ici combien de jours avant de mourir de faim ?
-Les parents doivent être inquiets, songea tout haut François. À cette heure, ils viennent sans doute d'apprendre que le bateau n'est pas revenu et qu'il a coulé en mer.
-Cesse de me faire peur, frissonna Béatrice.
-Moi aussi j'ai peur, murmura son copain.
Soudain le phare s'éveilla. La puissante ampoule s'alluma, brillante comme un soleil. Elle se mit à tourner sur elle-même.
Nos deux amis, levés tôt ce matin, avaient vécu une journée pleine d'épreuves et d'émotions redoutables et épuisantes. Ils se couchèrent sur le sol. Ils n'avaient ni sac de couchage ni couverture pour s'y rouler.
Ils fermèrent les yeux. Ils entendaient le vent siffler contre les vitres du phare.
-Impossible de dormir, dit François. Lumière, pas de lumière ; lumière, pas de lumière ; lumière, pas de lumière... Zut.
Les miroirs en tournant projetaient la puissante clarté de l'ampoule, tantôt tournée vers eux, tantôt de l'autre côté.
-Descendons, proposa Béatrice. En bas, il fera tout noir.
-D'accord, on y sera mieux.
Ils suivirent l'escalier de septante-sept marches et se couchèrent l'un près de l'autre sur le sol de briques, près de la porte en fer.
Le bruit régulier des vagues croulant sur les galets de la plage et du ressac qui les accompagne les bercèrent.
Ils s'endormirent.
Le bruit caractéristique des pales d'un hélicoptère qui approchait les tira de leur sommeil.
-Vite, lança François. Courons dans l'escalier. Allons à la terrasse du haut, ils nous verront mieux.
C'était une erreur.
Ils auraient dû ouvrir la porte en fer du bas et se montrer tout de suite dehors. Le soleil était déjà levé.
Au lieu de cela, ils se précipitèrent dans l'escalier de septante-sept marches, perdant un temps précieux. Puis ils ouvrirent la porte-fenêtre et se placèrent sur la terrasse du haut. Le phare était éteint.
Pendant ce temps, le pilote achevait le tour du bâtiment, et ne voyant aucun signe de vie, il partait.
Les deux amis eurent beau faire des grands gestes, crier à s'égosiller, l'appareil s'éloignait inexorablement. Leur espoir fondit, faisant place au désespoir.
-Allô la base ? dit le pilote de l'hélicoptère ZZ47. Je viens de tourner autour du phare UK 29. Aucune trace des enfants. Je me dirige vers UK 31.
Béatrice et François virent l'hélicoptère devenir peu à peu un petit point noir à l'horizon, puis disparaître.
-Cette fois, ils vont vraiment croire qu'on est morts, murmura la fillette, les larmes aux yeux.
-On ne reverra plus nos parents, ajouta son copain. Plus personne ne viendra nous chercher.
-On va mourir de faim ici, sur ce phare.
-Mais non, s'écria soudain Béatrice. Viens. Il y a tout plein à manger sur cette île.
-Comment ça ?
-Suis-moi. Allons dans les rochers. Ils sont couverts de moules, de crabes. Pêchons des poissons dans l'eau.
Ils descendirent le long escalier, pleins d'espoir.
Hélas, les moules, minuscules car hors saison, ne contenaient rien. Ils réussirent à en décoller une du rocher où elle s'accrochait, mais ils ne parvinrent pas à l'ouvrir. Levant une grosse pierre, Béatrice écrasa la coquille qui se brisa et répandit un jus jaunâtre, repoussant, qui coula entre les pierres.
Un crabe se glissa entre deux rochers au bord des vagues, mais par où le prendre ? Et comment faire pour le manger ?
Ils aperçurent quelques poissons, mais nos amis, plongés pieds nus dans l'eau claire qui leur venait aux genoux, ne purent pas les attraper.
-J'y pense seulement maintenant, dit soudain François. Prenons les filets de pêche à l'arrière du bateau. Allons les chercher.
Ils entrèrent dans l'eau froide.
Ils longèrent l'épave qui ne bougeait plus depuis hier et parvinrent à l'arrière du bateau. Les filets étaient en lambeaux, irrécupérables.
Ils retournèrent au phare.
-De toute façon, dit Béatrice, comment les cuire? On n'a rien pour faire du feu. On n'allait pas les manger tout crus avec les yeux, les nageoires et les arêtes.
-Tu sais, répondit son copain, dans trois ou quatre jours, on sera tellement affamés qu'on les avalera comme ça.
Ils se turent, conscients de leur isolement, de leur détresse et de leur fragilité.
Les heures passaient.
Nos amis remontèrent en haut du phare. Assis au soleil, sur la terrasse supérieure, ils regardaient les navires qui passaient au loin, si loin, si loin...
-J'ai faim, dit le garçon.
-Moi aussi, soupira sa copine.
Puis elle ajouta :
-Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? J'ai la solution!
François regarda son amie comme si elle venait de faire apparaître une bonne fée portant des succulents plateaux repas.
-Le phare! On peut l'allumer et l'éteindre à volonté tant qu'il ne fait pas nuit. Si on l'allume, cela attirera l'attention des bateaux, surtout si on lance des SOS en morse.
-Tu connais le morse ?
-Oui, répondit Béatrice. J'ai appris certaines lettres lors de mon camp avec les lutins. Je sais faire SOS : on allume trois temps courts, puis trois longs, puis trois courts de nouveau. Viens, je vais te montrer.
Poussant sur le bouton vert, puis sur le rouge, en alternance, trois fois vite, puis trois fois plus lentement, puis de nouveau trois fois plus vite pour le second S, elle émit un premier SOS.
François ne put qu'admirer sa copine.
Béatrice recommença, encore et encore, lançant inlassable, son appel au secours dans le ciel et vers la mer.
Soudain, une sirène de bateau retentit pas loin d'eux. Les deux amis se précipitèrent sur la terrasse extérieure.
Un porte-conteneur se trouvait à l'arrêt à une encablure du phare. Il paraissait immense, colossal. Le personnel navigant avait été attiré par le signal lumineux lancé par notre amie.
Les deux enfants firent des grands gestes, puis descendirent en vitesse à la terrasse du bas et de là passèrent dans les rochers battus par les vagues.
Une embarcation approchait.
-What are you doing there? cria l'un des marins.
-Notre bateau a coulé hier, surpris par la tempête.
Comprirent-ils l'explication de François ? Peut-être...
-Come with us.
Les deux enfants se précipitèrent dans l'eau et se hissèrent dans la barque. Les marins ramèrent vers le grand navire. Le frêle esquif paraissait être une fourmi qui s'approchait d'une baleine.
Tous montèrent à bord. Le paquebot reprit sa route pendant que Béatrice et François, conduits par les marins, montaient cinq rampes d'escaliers menant au formidable poste de pilotage où régnait le commandant du bord.
Quand ils arrivèrent là-haut et qu'ils se retournèrent, le phare n'était déjà plus qu'un petit point loin derrière eux.
Le commandant parlait français. Il écouta le récit de nos amis, qui détaillèrent leur aventure. On leur apporta des sandwiches et de la limonade qu'ils virent arriver avec un immense plaisir.
Trois quart d'heures plus tard, ils eurent le bonheur de parler avec leurs parents et de les rassurer grâce au radio-émetteur du bateau.
Le capitaine expliqua ensuite qu'il ne pouvait pas accoster dans le port de Zeebruges. Les dimensions de son navire étaient beaucoup trop importantes. Il donna rendez-vous aux parents de nos amis le long des quais du port de Rotterdam en Hollande.
Les deux enfants terminèrent leur incroyable aventure à bord du porte-conteneur, pour leur plus grand plaisir.
Quelques heures plus tard, à quai, ils remercièrent leurs sauveteurs, puis ils retrouvèrent les papas et les mamans.
Ils furent interrogés par la police maritime. Ils racontèrent comment le patron pêcheur s'était trouvé précipité en mer en voulant venir les chercher à l'arrière du petit bateau. Puis ils détaillèrent les circonstances du naufrage.
Le lendemain, ils voulurent assister en famille à la cérémonie religieuse dédiée à la mémoire du pêcheur qui avait tenté de les protéger au péril de sa vie.