L'attaque du train
-Dis, grand-mère, n'aurais-tu pas une idée de randonnée à faire avec mon amie Rivière d'Étoiles ?
Caroline passait le weekend à Monticello, où réside la vieille dame.
-Pourquoi n'iriez-vous pas à la Corona Arch ? À cheval, vous y parviendrez en une bonne demi-journée. Emportez vos sacs de couchage et des provisions. Vous camperez en dessous de ce pont naturel, une merveille de la nature, et vous reviendrez le lendemain.
-Génial !
-En plus, une voie de chemin de fer passe en contrebas. Tu adores les trains, ma chérie. Vous en verrez l'un ou l'autre, malgré que ce soit une ancienne ligne plus très fréquentée.
-Magnifique, grand-mère. Je vais annoncer la bonne nouvelle à mon amie.
La semaine suivante, les vacances commençaient.
Les deux amies partirent à l'aube. Elles longèrent, à cheval, la rive droite du grand fleuve Colorado sur une route ensablée, puis suivirent un raidillon, un petit chemin en pente raide, qui les mena vers une large vallée. La piste s'arrêtait là.
À présent, pour ne pas se perdre, il fallait trouver des cairns, ces petits tas de pierres qui servent de repère le long des vallées rocheuses.
Le paysage somptueux déroulait ses roches rouges et ses sables jaunes et bruns à perte de vue. Quelques touffes de plantes aux aiguilles piquantes poussaient çà et là. Les deux copines avançaient au rythme de leurs chevaux.
Parfois elles dépassaient un arbre rabougri qui offrait quelques rares feuilles au soleil et au vent.
-Là-bas, cria Caroline.
Elle venait d'apercevoir l'arche au loin. Elle découpait l'horizon, tel un gigantesque anneau brun posé sur le sol. Un arc-en-ciel pétrifié, disent les Amérindiens.
Le chemin était encore long et la chaleur de plus en plus étouffante. Elles s'arrêtèrent un moment pour boire, puis remontèrent sur leurs chevaux.
Après l'un ou l'autre passage assez périlleux, elles parvinrent au pied de l'arche immense, colossale, presque parfaitement ronde. Le demi-cercle semblait mesurer au moins trente mètres de diamètre. L'endroit impressionnait les deux amies.
Elles descendirent de cheval et laissèrent leurs fidèles compagnons brouter près d'un tank d'eau auquel ils pouvaient aussi s'abreuver.
Elles passèrent plusieurs fois sous le pont naturel, la tête en l'air, admirant le prodigieux phénomène. Une coulée de roche dure, épaisse de trois à quatre mètres qui résistait au temps, à l'érosion, tandis que tout ce qui l'entourait avait été emporté par les neiges, le gel, le vent et les pluies.
Continuant à pied sur le sol dur et incliné, un peu glissant, elles parvinrent à un à-pic vertigineux au bord duquel on apercevait, en contrebas, une voie de chemin de fer.
-Regarde, Caroline, on dirait qu'ils font des travaux.
Quatre hommes armés de pelles et de pioches se tenaient le long des rails. Ils s'attaquaient à un rocher proche, dont ils détachèrent un fragment. Ils firent rouler cette grosse pierre de près d'un mètre de diamètre et la posèrent sur la voie ferrée.
-Ce ne sont pas des ouvriers, dit Rivière d'Étoiles, mais des bandits. Ils placent ce morceau de roche sur les rails pour forcer le train à s'arrêter.
-Tu as raison, fit Caroline. Ils se cachent à présent. J'ai entendu parler de ces voleurs... La bande de Morton !
-Il faut avertir les voyageurs.
-Oui, mais comment ? Nous sommes au bord d'une falaise, à plus de cent mètres au-dessus des rails. Le conducteur du train ne verra pas nos signes, et il est impossible de descendre.
-Trop tard, de toute façon. Voilà le convoi.
Une grosse locomotive au diesel apparut à la sortie d'un tournant, suivie par trois wagons de passagers.
Le train siffla trois fois puis s'arrêta. Le machiniste sortit accompagné par son mécanicien. Quelques personnes ouvrirent les portes des wagons ou se penchèrent par les fenêtres.
Les hommes de Morton, qui n'attendaient que cela, se montrèrent, armes au poing.
-Tout le monde dehors. Préparez argent, portefeuilles, cartes de crédit, montres, bagues, colliers, bracelets et autres bijoux. Dépêchez-vous.
Les voleurs chargèrent tout dans des sacs puis se sauvèrent et disparurent aussi vite qu'ils étaient venus. Mais Caroline et Rivière d'Étoiles, de leur poste d'observation, là-haut, les virent s'éloigner dans le canyon.
Elles décidèrent de les suivre en longeant le bord du précipice.
Une heure plus tard, les hommes de Morton s'arrêtèrent devant l'entrée étroite d'une grotte naturelle. Cela ressemblait plus à une fissure de la falaise qu'à l'orifice d'une caverne. Ils jetèrent un regard autour d'eux puis ils empruntèrent le passage l'un derrière l'autre, toujours en portant les sacs contenant les objets volés.
Nos amies, à quatre pattes au bord du canyon, continuaient à observer.
Les voleurs ressortirent, sans les sacs, après un quart d'heure environ. Ils suivirent un sentier abrupt qui menait hors de la vallée en direction de la petite ville de Moab.
-On y va ? osa Caroline.
-Tu es folle, répliqua Rivière d'Étoiles.
-Mais non, allons-y. On connaîtra leur cachette. Puis on retrouvera nos chevaux et on ira tout raconter au shérif de notre ville.
-Et s'ils nous voient entrer dans leur repaire ?
-Ils ne nous verront pas, ils s'éloignent. Par contre, je me demande par où on va réussir à descendre là en bas.
Les deux amies aperçurent, plus loin, un éboulement de roches croulant en rouges décombres. Une avalanche de pierres, causée par l'érosion, figées depuis des siècles sans doute. Elles empruntèrent ce passage délicat, se glissant, agiles, d'une roche à l'autre, et s'aidant l'une l'autre, jusqu'au fond de la vallée.
Puis elles marchèrent vingt minutes à découvert le long du rail. Elles suivirent ensuite une vallée affluente plus étroite et arrivèrent à leur tour à l'entrée du passage menant à la grotte. Elles s'y faufilèrent sans hésiter.
Elles débouchèrent dans une caverne assez sombre, de la taille d'une classe d'école. L'endroit était jonché de sacs contenant toutes sortes de choses, sans doute volées.
-Prenons une bague et ce portefeuille, proposa Caroline, comme preuve de notre découverte.
-Tu as raison, mais faisons vite, ajouta Rivière d'Étoiles. Je me sens vraiment mal à l'aise, ici. J'ai peur qu'ils reviennent et nous surprennent.
Caroline glissa la bague et le portefeuille dans une poche arrière de la salopette en jean qu'elle portait ce jour-là. Elles ressortirent.
Le soleil les éblouit.
Hélas, les bandits n'étaient pas loin. Assis sur un rocher, sur l'autre versant et surplombant la vallée, ils discutaient revente et partage.
Un des malfrats remarqua la présence de nos amies à l'entrée de la grotte, au fond du canyon.
-Chef, dit-il, deux enfants sortent de notre caverne.
-Tu as raison...
Morton se tourna vers Davis.
-Ce sont deux filles, dirait-on.
-Oui, chef.
-Elles ont sans doute vu nos trésors. Elles s'éloignent vers la Corona Arch et la ville de Moab. Que crois-tu qu'elles vont y faire, Davis, une fois arrivées ?
-Elles vont aller tout raconter au shérif, chef.
-Et les policiers les suivront et découvriront, grâce à elles, notre cachette, avec ce qu'on a volé, et les empreintes de nos doigts dessus. Et alors, que se passera-t-il, Davis ?
-On ira tous en prison, chef.
-Donc, il ne faut pas qu'elles quittent la vallée. Tu es le nouveau venu de la bande, Davis. Voilà l'occasion de montrer ce que tu sais faire.
-Je vais les tuer toutes les deux, chef, dit l'homme en montrant son révolver.
-Surtout pas. On retrouverait les balles dans leur corps. La police scientifique est très capable à partir de là de remonter jusqu'à nous. Masque leur mort en accident. Beaucoup de canyons sont bordés de parois rocheuses glissantes ou en à-pic, par ici. Tu vois ce que je veux dire ?
-Oui, chef.
Davis s'éloigna.
Caroline et Rivière d'Étoiles revenaient vers leurs chevaux laissés à la Corona Arch. Elles avaient faim et soif. Captivées par leur aventure, elles avaient oublié de boire et de manger.
Un homme s'approcha, venant derrière elles et les menaça de son arme. Davis.
-Suivez l'étroit sentier sur votre gauche, sans discuter. Et ne tentez pas de fuir, je tirerais dans vos jambes.
-Je reconnais un des hommes de la bande de Morton, souffla Caroline.
-Oui, ils ont dû nous voir quand on est allées à leur cachette. On aurait dû être plus prudentes.
-Marchez le long de la falaise.
Elles avançaient, en se donnant la main, dos au soleil.
-Où nous mène-t-il ?
-Je n'en sais rien. On va vers nulle part. On s'éloigne de Moab.
Elles parvinrent, après une heure de marche, au bord d'un large trou ovale au bas duquel se trouvait un espace de sable et de roches.
La « Boca del diablo ».
Imagine une grotte avec une ouverture béante au bord d'un précipice et en haut d'une paroi rocheuse de cent mètres, droite comme une falaise, et dont la voûte serait percée d'un large trou.
Davis saisit une corde et fit un nœud coulant, sous le regard inquiet de nos amies qui se demandaient ce qui se préparait.
-Viens ici, toi, dit l'homme en regardant Caroline.
Il fit deux tours de corde sous les bras de notre jeune amie et serra sous les aisselles, puis il la fit s'avancer au bord du trou.
-Descends, je te tiens.
Il saisit la corde à deux mains après avoir glissé son révolver à la ceinture. Caroline se mit à quatre pattes, dos au trou, et recula. Elle fut bientôt suspendue dans le vide. Le sol de la grotte se trouvait dix mètres sous elle.
Un instant, Rivière d'Étoiles envisagea d'en profiter pour intervenir et menacer Davis avec le couteau qu'elle emmène toujours dans ses randonnées, ou même de lui prendre son arme. Mais elle renonça, car si le bandit lâchait son amie elle tomberait et se casserait les os.
Davis laissa glisser la corde entre ses mains et Caroline toucha le sol avec ses pieds.
-Détache-toi, lui cria-t-il.
Le voleur fit de même avec Rivière d'Étoiles, la faisant descendre vers son amie à son tour. Les deux copines se trouvaient à présent dans la caverne.
-Vous ne pouvez pas vous sauver de là. La paroi de la falaise est lisse, à gauche comme à droite. Le trou dans la voûte est inaccessible. Vous allez rester là des jours brûlants et des nuits glacées à crever de faim et de soif. Ou bien, sautez dans le vide.
L'homme observa les deux filles un instant. Elles le regardaient en silence, serrées l'une contre l'autre.
-Sautez, vous ne souffrirez pas.
-Vous êtes un monstre, cria Caroline. Vous êtes la pire crapule que j'aie rencontrée.
Davis haussa les épaules et partit.
Autour de nos amies, il n'y avait plus que le ciel bleu, des roches infranchissables, et en avant, le précipice vertigineux.
Elles s'assirent un instant et ne purent s'empêcher de pleurer.
Tu les connais, toi qui lis ces lignes. Nos amies sont intrépides, comme toi. Elles ne restent pas assises à pleurer bien longtemps.
Elles se levèrent et se donnant la main pour reprendre courage, elles explorèrent leur prison.
Le sol, en roche dure, était creusé de trous peu profonds et remplis de sable. Le jeu des pluies et l'érosion, sans doute.
À gauche comme à droite s'élevaient les hauts murs de pierre de la grotte. Elles pouvaient les escalader sur deux ou trois mètres, mais plus haut, ces parois devenaient la voûte et cela rendait la suite de l'ascension impossible. Nos amies ne sont pas des lézards.
Le plafond de la grotte était percé par ce grand trou ovale par lequel Davis les avait fait glisser avec la corde. Corde qu'il avait reprise en partant, bien sûr. L'orifice demeurait inaccessible.
Enfin, la caverne s'ouvrait très largement sur le vide, un précipice de plus de cent mètres, dont la paroi, hélas, verticale et bien lisse, empêchait toute tentative d'évasion.
-Rien à faire, dit Caroline en soupirant.
-On est vraiment séquestrées dans la bouche du diable, la « Boca del diablo ».
-Si quelqu'un passe en bas, dans la vallée, on lui fera signe...
-Oui, mais pour cela, il faut que quelqu'un vienne... On peut attendre longtemps dans ces déserts.
Les heures passaient. Le soleil disparut derrière l'horizon, emportant avec lui tout espoir d'être sauvées ce jour-là.
-J'ai faim, dit Caroline.
- Moi aussi, répondit Rivière d'Étoiles. Et je pense à nos chevaux.
-Là, je suis rassurée. Eux, au moins, ils ont à boire et à manger, là où on les a laissés.
Une fois encore, elles visitèrent leur espace de gauche à droite, puis regardèrent vers le bas, à quatre pattes au bord de l'à-pic. Hélas, toute tentative de fuite ou d'escalade paraissait vouée à l'échec.
Une étoile apparut dans le ciel.
Caroline frissonna. La nuit est froide dans ces déserts. Elles allaient devoir la passer sans couverture ni sac de couchage, en jean, ou salopette pour Caroline, et t-shirt.
-J'ai soif, fit la petite Amérindienne.
-Moi, j'ai surtout faim, ajouta l'autre.
-Cela ne sert à rien de le répéter. Demain, reprit son amie, quelqu'un passera dans la vallée. On l'appellera, on lui fera des signes et il viendra nous délivrer.
Elles se couchèrent, sur le dos, dans le sable. Le ciel noir se chargeait d'étoiles. Un spectacle superbe. Peu à peu, la voie lactée apparut à son tour.
-Tu connais le nom des étoiles ? demanda Caroline.
-Oui, bien sûr, tu sais, chez nous le ciel et les étoiles font partie de notre vie quotidienne. Mais on utilise des noms différents que vous, je crois.
-On devrait apercevoir la grande ourse quelque part, mais où ? Je ne sais pas.
-Peut-être que quelqu'un nous voit de là-haut...
-Peut-être. Mais il est trop loin pour venir nous délivrer.
Elles finirent par s'endormir.
Caroline ouvrit les yeux. Elle venait de sentir une ou deux gouttes tomber sur sa joue. Le ciel était tout à fait noir à présent. Les étoiles avaient disparu. Du vent levait la poussière accumulée dans la grotte.
Un éclair traversa le ciel et un claquement de feu retentit pas loin. Rivière d'Étoiles s'éveilla à son tour.
-Que se passe-t-il ?
-Un orage.
La pluie se mit à tomber, violente. Aucun endroit pour s'abriter. La voûte de la grotte située très haut et l'ouverture béante sur le précipice ne les abritaient pas. En un instant, elles furent trempées.
-Vite, cria Rivière d'Étoiles, enlevons le sable de certains trous sur le sol. Cela nous fera des réserves d'eau à boire.
Les deux amies, à quatre pattes, trempées sous la pluie d'orage qui les glaçait, se mirent à la tâche et grattèrent le sol avec leurs mains, laissant la roche au fond des trous à nu. L'eau coulait de partout et remplissait peu à peu les petits bassins naturels.
Les éclairs se succédaient. La foudre faisait un bruit d'enfer. La pluie continuait à tomber à torrent. Les habits des deux amies trempées, ruisselaient. Elles grelottaient et claquaient des dents. Elles s'assirent l'une contre l'autre en attendant la fin de la tourmente.
Impossible de se rendormir ensuite. Tout était devenu boue, dans laquelle elles pataugeaient. Épuisées, elles finirent par se coucher quand même. Le froid les piquait dans leurs habits mouillés. Pas moyen de se réchauffer. Elles ne trouvèrent le sommeil qu'à l'aube.
Au moins, elles avaient eu à boire.
Le soleil les éveilla.
Il ne restait déjà plus beaucoup d'eau dans les cuvettes de pierre. Elles en burent le plus possible.
Et les heures passaient.
Nos amies, affamées, étaient de plus en plus inquiètes. Le soleil les brûlait. Ses rayons passaient par la large ouverture, orientée plein Sud, qui surplombait l'abîme. Elles réussirent à trouver un petit espace d'ombre au fond de leur caverne. Elles s'y étendirent.
Les parents n'allaient commencer à s'inquiéter qu'à la nuit tombée en ne les voyant pas revenir. Leur projet d'escapade, dont elles leur avaient parlé, devait durer deux jours en principe. Il serait trop tard à cette heure tardive pour entreprendre des recherches. Elles comprirent qu'il leur faudrait subir une deuxième nuit, affamées et glacées, dans leur prison.
Deux cavaliers passèrent dans la vallée en fin d'après-midi. Les fillettes ne les aperçurent que quand ils étaient déjà loin.
Elles eurent beau crier, faire des grands gestes, ils disparurent au tournant du canyon sans remarquer leur présence.
-Ils n'ont pas pu nous voir car on était couchées à l'ombre, dit Rivière d'Étoiles.
-On a bêtement raté notre chance d'être sauvées.
-Il faudrait faire quelque chose pour attirer l'attention de ceux qui passent.
-Je crois que j'ai une idée, fit Caroline.
Elle ôta son t-shirt, le mit en boule, puis le lança dans la vallée. Il atterrit sur un rocher après un curieux vol plané.
-Voilà. Le prochain qui viendra par ici le verra. Il songera peut-être à regarder vers le haut et nous apercevra, si on reste assises sur le bord.
Et la nuit arriva. Le soleil disparut derrière l'horizon, emportant une fois de plus avec lui la chaleur, la lumière, et l'espoir de voir quelqu'un.
-J'ai froid, dit Caroline.
-J'ai trop faim, répondit Rivière d'Étoiles.
-Moi aussi.
Caroline, surtout, grelottait. Débarrassée de son t-shirt qu'elle avait lancé au fond du canyon, dans l'espoir d'attirer l'attention d'un éventuel randonneur, elle tremblait dans sa salopette. Rivière d'Étoiles la serra dans ses bras pour tenter de la réchauffer un peu.
La nuit passa, interminable. La faim et le froid les empêchaient de dormir.
Enfin, l'aube parut. Elles sombrèrent dans le sommeil aux premiers rayons de soleil.
Tout à coup, Caroline ouvrit les yeux et s'assit.
-Rivière d'Étoiles, il ne faut pas dormir. Il faut au contraire veiller, s'asseoir au bord du gouffre et observer la vallée. Si quelqu'un vient, voit mon t-shirt, regarde en l'air et ne nous aperçoit pas, il poursuivra sa route. Et nous on mourra de faim ou de froid dans cette grotte.
Vers la fin de la matinée, trois cavaliers apparurent dans la vallée. Des hommes du shérif. Ils recherchaient nos amies.
Ils dépassèrent le t-shirt sans y prêter attention.
Les deux copines, désespérées, les virent s'éloigner.
Mais Rivière d'Étoiles réagit. Elle repéra un gros bloc de pierre et l'amena, en le poussant jusqu'au bord du ravin. De là, il dégringola, en en arrachant d'autres, et cela créa une avalanche de roches qui en tombant, effraya les chevaux des policiers.
Les deux filles crièrent en faisant des grands signes. Elles furent aussitôt repérées.
Deux longues heures plus tard on glissa une corde par le trou ovale du sommet de la grotte. Rassemblant leurs forces, nos amies réussirent à la saisir et à monter jusqu'à leurs sauveurs.
Elles racontèrent leur aventure tandis qu'ouvrant un sac à dos que les policiers apportaient avec eux, on leur donnait à boire et à manger.
Le même jour, elles eurent encore le courage de redescendre dans la vallée, puis de là, elles guidèrent les hommes du shérif jusqu'à la cache de la bande de Morton.
Les policiers saisirent tous les objets volés et entassés en ce lieu.
Caroline et Rivière d'Étoiles retrouvèrent leurs chevaux près de l'arche et sous bonne protection, elles revinrent à Blanding où elles embrassèrent et rassurèrent leurs parents.
Les affaires volées furent restituées à leurs propriétaires après un examen attentif par la police scientifique qui y décela des empreintes de doigts des hommes de Morton.
Les quatre bandits se retrouvèrent en prison.
Pendant plusieurs jours nos amies firent la une des journaux et l'admiration de tous les habitants.