Le Goï-goï (Partie 2) - Olivia est malade
Vendredi soir. Le téléphone sonna et Béatrice, selon son habitude se précipita pour répondre la première.
- Allô?
- Bonjour, Béatrice, c'est le papa de François.
- Bonjour, monsieur. Comment se porte mon copain?
- Il va très bien, mais je voudrais parler à ta maman.
- Oui, monsieur, je l'appelle tout de suite.
Notre amie passa la communication. Le père de François expliqua qu'une de ses filles, une des petites sœurs de son fils, celle qui s'appelle Olivia, âgée de cinq ans, était malade. Il l'avait conduite à l'hôpital, et même là, elle n'allait pas bien du tout.
Les parents du garçon demandèrent à ceux de Béatrice si leur fils pouvait venir loger chez son amie afin de pouvoir consacrer tout leur temps ce week-end à leur petite fille malade. Amandine, la petite de trois ans et demi était allée chez la grand-mère.
Les parents de notre amie acceptèrent bien volontiers. Ainsi, quelques minutes plus tard, François qui habitait dans la même rue, arriva. Il déroula son sac de couchage sur le tapis dans la chambre de sa copine.
Après le repas du soir, les deux enfants embrassèrent les parents et montèrent se coucher. Ils bavardèrent un peu, presque tout bas, puis ils se turent.
Béatrice observait son copain depuis son lit. Elle vit des larmes couler sur son visage.
- Tu pleures?
- Un petit peu, répondit le garçon.
- Si tu préfères, tu peux dormir sur mon lit, et moi j'irai par terre dans le sac de couchage, proposa la fillette.
- Ça m'est égal de dormir sur le tapis, affirma François. Je pleure en pensant à ma petite sœur. Je ne peux même pas aller la voir. Les enfants n'ont pas le droit d'entrer à son étage.
- Mon Dieu, murmura Béatrice, c'est si grave que ça?
- Oui, d'après papa. Il m'a expliqué que...
Le garçon, en larmes, ne put achever sa phrase.
- Le mois passé, j'ai rencontré un petit animal bizarre, dit la fillette en songeant au goï-goï.
- Oui, tu m'en as parlé, se souvint son ami.
- Et ce goï-goï, rien qu'en te léchant, te débarrasse de tes maladies.
- Dommage qu'il ne soit plus là, soupira François. Il guérirait peut-être ma petite sœur.
- On pourrait aller à sa recherche, demain par exemple. Les goï-goïs mangent du bois, donc il vit probablement dans la forêt.
- D'accord. Allons-y au matin. Très bonne idée.
Le garçon s'endormit en reprenant un peu d'espoir.
Après le déjeuner, les deux amis partirent vers le parc et le grand bois qui le prolongeait. Toute la matinée, ils cherchèrent à gauche, à droite, sur les routes et les sentiers, appelant le goï-goï, mais ils ne reçurent aucune réponse. Ils ne virent aucune trace du petit animal.
Ils arrivèrent fin de matinée au bord d'un vaste étang. Le dernier endroit qu'ils pouvaient encore explorer, car ils se trouvaient déjà très loin de la maison. Ils aperçurent une î1e sur ce lac et trois grands arbres. L'un d'entre eux, déraciné, flottait sur l'eau verte de l'étang.
Les deux enfants observèrent une étrange sculpture à la base du tronc couché. Il semblait rongé, comme on croque une pomme jusqu'au trognon. Des castors, peut-être? Une fleur sculptée semblait pousser à cet endroit, une fleur en bois.
- Là, cria Béatrice, regarde, François. Voilà le travail du goï-goï. Je possède une fleur semblable, en bois elle aussi, sur ma table. Il me l'a offerte autrefois. Appelons-le.
- Goï-goï! goï-goï! goï-goï!
Tout à coup, venue du centre de l'île, ils entendirent une petite voix étrange.
- Bééaattrriiice ... goï-goï ... fini malade ... merci!
(Relis la première partie de ce récit, tu comprendras, si ce n'est déjà fait.)
- C'est lui, cria la fillette. Il répète les mots que je lui ai appris en lui faisant manger des Nic-Nac un par un. Viens, viens ici.
Le petit animal apparut entre les racines du tronc couché, pareil au souvenir de Béatrice, avec sa fourrure brune et ses beaux yeux noirs. Il ressemblait à un petit kangourou.
- Goï-goï! viens, insista la fillette.
Le petit animal s'avança jusqu'au bord de l'eau. Il trempa le bout de sa patte dans l'étang.
- Hou, dit-il en montrant que c'était froid.
Puis, il ajouta:
- Bééattrriiice ...
- Bon, il faut y aller nous-mêmes. J'ouvre le paquet de Nic-Nac que nous avons emporté.
Souviens-toi. En mangeant ces biscuits en forme de lettres et de chiffres, le goï-goï apprend à parler et comprend ce qu'on lui explique.
- L'eau n'est pas fameusement chaude, constata François en y glissant une main. Que fait-on? Je ne vois ni pont ni barque pour atteindre cette île.
- Tant pis, dit Béatrice. On y va. Nous avons besoin de lui.
Ils ôtèrent tous deux leur t-shirt. Ils gardèrent leurs sandales de gym aux pieds.
- Moi, je porte un vieux short, dit la fillette. Je crois que maman ne dira rien s'il est sale et mouillé.
- Et moi, mon jean usé. J'y vais. Je le fais pour ma petite sœur.
Ils entrèrent dans l'étang. Les branches mortes et pourries qui gisaient au fond de l'eau craquaient sous leurs pieds. On entendait les crapauds coasser. Les poules d'eau se sauvaient en caquetant. Un gros rat s'éloigna en zigzaguant.
L'eau sale et froide leur vint jusqu'aux genoux, puis à la ceinture, puis presque jusqu'au cou. La vase soulevait la boue à chaque pas. Cela sentait le poisson pourri.
Enfin, s'approchant de l'île, ils sortirent de l'eau verte. François fit deux pas vers le goï-goï et tendit la main vers lui.
- Arrête, avertit Béatrice. Il ne veut pas qu'on le touche. Il risque de te griffer ou te mordre.
- Ah bon, s'étonna le garçon.
- C'est un animal très sauvage, tu sais. Au début j'ai eu vraiment difficile avec lui.
Béatrice ouvrit le paquet de Nic-Nac et tendit au goï-goï les lettres O.L. I.V. I. A.
- François a une petite sœur qui s'appelle Olivia, expliqua-t-elle.
Le goï-goï s'approcha des petits biscuits et les mangea un à un.
- Olivia …, articula le petit animal.
- Elle est malade, expliqua notre amie. Olivia...Malade. Tu connais ce mot. Je te l'ai appris.
- Malaade..., dit le goï-goï. Olivia... malaade...
- Peux-tu la guérir? s'enquit François.
Le petit animal les regardait étonné. Il ne semblait pas comprendre.
- Tu peux le faire, murmura Béatrice. Olivia...fini malade. Allez, réfléchis.
- Olivia...fini malaade..., dit-il.
Il escalada une branche basse, puis une autre. Il regarda dans toutes les directions.
- Il cherche ta petite sœur, fit notre amie.
- Elle se trouve là, à l'hôpital, expliqua François.
Il choisit les lettres L et A et les donna au goï-goï.
- Oliva... fini malaade…là..., dit l'animal en indiquant la direction avec sa patte.
- Bon, comment fait-on pour le transporter, puisqu'on ne peut pas le toucher? demanda le copain.
- Je n'en sais rien, répondit Béatrice. Partons, il va peut-être nous suivre.
Les deux enfants entrèrent de nouveau dans l'eau de l'étang. Notre amie fit deux premiers pas dans la vase. Le goï-goï sauta sur son dos et s'accrocha à sa longue queue de cheval. Il passa l'étang confortablement juché sur les épaules de la fillette, tandis que les deux enfants se mouillaient à nouveau dans l'eau sale.
- II a trouvé le bon truc, dit François en riant.
Arrivés sur l'autre berge, dégoulinants d'eau brune et de vase malodorante, ils observèrent un étrange comportement du goï-goï. Il sautait d'arbre en arbre, grimpant puis descendant, aussi souple qu'un écureuil.
Soudain, il s'arrêta sur une branche qui semblait lui convenir. Il la rongea. Elle tomba sur le sol aux pieds de nos amis. Ensuite, avec ses dents, il dégagea dans l'épaisseur même de la branche, une sorte de boule en bois. Cela ressemblait à une noix de coco. Il poussa la grosse bille vers Béatrice.
- Olivia... fini malaade... là...
La fillette ramassa la coque. Elle la secoua. À l'intérieur, on entendait clapoter du liquide.
- Je dois faire boire ce jus à Olivia?
- Olivia... fini malaade... là..., répéta l'animal.
- Merci goï-goï, dit Béatrice.
- Merci goï-goï, ajouta François.
Les deux enfants partirent en se donnant la main. Le petit animal les accompagnait.
lls se dirigèrent immédiatement vers l'hôpital. Mais allait-on les autoriser à passer? Ils étaient à peine secs. Le short de Béatrice et le jean de François encore humides et pas très propres sentaient la vase. Quant à leurs baskets, elles étaient vraiment crasseuses.
Comme le goï-goï les accompagnait et qu'aucun animal ne peut entrer dans une clinique, ils le placèrent dans un sac à dos. Ils emportaient aussi le paquet de Nic-Nac. Le petit animal n'arrêtait pas de bavarder, très excité.
- Olivia... plus malaade... là...
- Goï-goï, tais-toi.
- Oui, tais-toi, répéta François. Si non, on risque de se faire interdire l'accès. Béatrice, donne-moi les Nic-Nac.
Le garçon prépara puis fit manger une à une les lettres T.A.I.S., T.O.I.
- Tais... toi... Olivia... là...
- Silence, se fâcha Béatrice.
Elle ouvrit le sac à son tour et en sortit les lettres S.I.L.E.N.C.E. qu'elle fit avaler au goï-goï.
- Tais-toi... Olivia...fini malaade... Silence...
Ils entrèrent dans l'hôpital.
- Ta petite sœur se trouve dans quelle chambre, François?
- La 707. Viens, on prend l'ascenseur. Ne demandons rien, sinon, on va nous arrêter.
Ils se retrouvèrent dans l'ascenseur avec d'autres personnes. Docteurs, infirmières, visiteurs, observaient étonnés ces deux enfants qui semblaient bien négligés.
- Madame, dit un docteur à une infirmière, la patiente de la chambre 402 est-elle revenue de la radio?
- Tais... toi...
Tous les regards se tournèrent vers nos amis.
- Goï-goï, arrête de parler, chuchota Béatrice.
- Silence...
Nos amis rougirent de honte.
- Olivia... plus malaade...
- Que se passe-t-i1, les enfants? demanda l'infirmière.
- Silence... tais-toi...
- Vous êtes vraiment impolis, dit-elle.
L'ascenseur s'arrêta au quatrième. Heureusement. Tout le monde sortit, sauf Béatrice et François, cramoisis.
Ils arrivèrent au septième étage.
Une porte blanche fermait l'accès au couloir des chambres des enfants malades. Il fallait sonner.
- Si on le fait, affirma le garçon, ils ne vont pas nous laisser entrer.
- Comment s'y prendre? réfléchit tout haut Béatrice. Si tu veux, je sonne. Tu te caches et tu m'attends. Moi, ils ne me connaissent pas. Ils me laisseront peut-être passer.
- Ils ne t'autoriseront pas à entrer non plus.
À ce moment-là, un couple arriva, tenant un bébé dans les bras. Ils sonnèrent à la porte. François qui lit beaucoup de livres d'aventures eut une idée.
- Viens, dit-il en chuchotant à l'oreille de sa copine, on les suit. On va faire semblant que nous sommes leurs enfants.
Une infirmière en tablier blanc ouvrit la porte.
- Bonjour monsieur, bonjour madame. Venez. Vous avez rendez-vous je crois.
Le jeune couple entra et nos deux amis suivirent. Mais l'infirmière les aperçut.
- Où allez-vous, comme cela vous deux?
- Je… Je vais voir ma petite sœur, répondit François qui n'aime pas mentir.
- Oui, et comment s'appelle t-elle?
- Olivia. Dans la chambre 707.
- La chambre 707! Tu ne peux pas aller là. Ta petite sœur est très malade, tu ne peux pas la déranger. Je suis désolée.
Et nos amis se retrouvèrent près de l'ascenseur, dans le hall, hors du couloir des enfants malades.
- Zut, enragea Béatrice. Si près du but. Comment allons-nous faire pour lui donner le liquide dans la boule du goï-goï?
- Peut-être peut-on passer par là, suggéra François en indiquant une petite porte.
- Oui, allons voir où cela mène, répondit la fillette.
Un couloir étroit et sombre servait de remise. Là traînaient des seaux, des balais, des produits d'entretien, un aspirateur, tout un matériel de nettoyage.
Une petite fenêtre s'ouvrait vers l'extérieur. En l'enjambant, on pouvait atteindre les corniches qui longeaient la façade. Elles se trouvaient juste en-dessous des fenêtres du septième. La corniche n'était pas large, à peine cinquante centimètres.
Nos amis n'hésitèrent pourtant pas longtemps. Ils enjambèrent la fenêtre, se glissèrent dans la corniche, puis, avançant l'un derrière l'autre à quatre pattes, ils passèrent sous la fenêtre de la 701, puis de la 703 et de la 705. Ils se redressèrent à la 707.
La vitre était fermée. Ils aperçurent deux lits. Olivia se reposait sur le plus éloigné, les yeux fermés. Elle paraissait pâle, amaigrie. Elle transpirait.
À côté, sur l'autre lit, se trouvait une jeune fille un peu plus grande que nos amis. Elle semblait avoir onze ans. Elle lisait une bande dessinée. Nos amis ne virent personne d'autre dans la pièce.
Béatrice frappa au carreau. La fillette regarda et fut fort surprise de voir des enfants de ce côté-là de la fenêtre. Elle se leva et ouvrit.
- Bonjour, dit-elle avec un petit accent flamand.
- Bonjour, salua Béatrice.
- Bonjour, murmura François à son tour. Ne crains rien. Je suis le grand frère d'Olivia. Nous lui apportons quelque chose, un médicament magique qui pourra peut-être la guérir. Laisse-nous entrer, s'il te plaît.
- Je veux bien, répondit la grande fille. Comment t'appelles-tu?
- François. Olivia est ma petite sœur, répéta le garçon.
- Et moi, Nele.
- Tu veux bien nous laisser entrer et n'appeler personne?
- Oui, mais faites attention. Si le docteur vient et qu'il vous voit, je ne sais pas ce qu'il va vous faire.
- Tu veux bien regarder dans le couloir? S'il s'approche, dis-le nous. Surveille aussi les allées et venues des infirmières.
Nele se prêta au jeu de nos amis. Elle entrouvrit la porte de la chambre et observa le couloir.
- Vous pouvez entrer, si quelqu'un vient, je vous avertirai.
- Tais-toi...silence...Olivia... là...fini malaade...merci, fit le goï-goï.
Nos amis montrèrent le petit animal à Nele.
- Je n'ai jamais vu cela, dit-elle, émerveillée.
Béatrice et François s'approchèrent du lit de la fillette. Le garçon se pencha vers sa petite sœur. Il lui toucha le front. Brûlant. Elle ouvrit les yeux.
- François, dit-elle.
- Bonjour, Olivia. Regarde, on t'apporte un médicament miracle. Ce petit animal, un goï-goï, l'a fabriqué pour toi. Il va aussi te donner un bisou, pour te guérir.
Le grand frère caressa les joues de sa petite sœur avec tendresse. Béatrice sortit un canif de la poche de son short et ouvrit la lame-scie. Elle entreprit de percer la boule en bois qui contenait le précieux liquide.
- Vite, supplia Nele, vite. Quelqu'un arrive, cachez-vous.
Nos amis regardèrent autour d'eux. Où se mettre? En-dessous du lit? On allait les voir tout de suite. Ils se précipitèrent dans la salle de bain attenante car ils n'avaient plus le temps d'enjamber la fenêtre. Là se trouvait un placard. Ils y entrèrent et refermèrent la porte sur eux.
Ils écoutèrent la conversation.
- Je vous demande de venir, docteure, parce que je trouve qu'Olivia va de plus en plus mal.
- Oui, en effet, répondit la praticienne. Elle a plus de quarante de fièvre. Si cela continue, on va devoir l'opérer. Je vais chercher le professeur. Il décidera. Je reviens tout de suite.
- Je vous accompagne, ajouta l'infirmier.
Ils sortirent tous deux de la pièce et refermèrent la porte derrière eux.
Béatrice n'avait pas perdu son temps pendant qu'elle se cachait dans l'armoire. Elle avait continué à scier la boule, et à présent un trou y était percé. Ils quittèrent tous deux le placard et s'approchèrent de la fillette.
- Vite, Olivia. Bois, parce qu'ils vont revenir, supplia François.
- Olivia...fini malaade...là...goï-goï...merci...tais-toi.
La petite ouvrit la bouche. Son frère versa le liquide qui se trouvait dans la boule sculptée par le goï-goï. Elle avala le jus bravement. Puis, le petit animal bondit sur le ventre de la fillette et la couvrit de bisous.
- Dépêchez-vous, dit Nele. Ils reviennent avec le professeur, je crois.
Béatrice et François se précipitèrent vers la fenêtre. Le garçon remarqua une photo sur la table de nuit de Nele. On y distinguait un homme et une femme courant en tenant leur fille par la main dans un champ de fleurs. Ils riaient tous les trois.
- Ce sont tes parents?
- Oui, dit la jeune fille.
- Merci, pour ton aide. J'espère que tu retourneras bientôt chez toi, et que tu iras faire des grandes balades dans les champs.
- Je pars chez moi ce soir, affirma Nele, en tenant le cadre en main. Mes parents viennent me chercher dans une heure. Je suis guérie.
- Olivia...Béatrice...fini malaade...silence.
- Au-revoir, Nele, dit Béatrice. Goï-goï, tais-toi.
- Silence...là...merci.
- Oui, encore merci, ajouta François.
- Toi aussi, lança Nele, tu iras bientôt te promener avec ta sœur dans les champs.
Nos amis enjambèrent la fenêtre et sautèrent dans la corniche au moment où l'infirmier, la docteure et le professeur entraient dans la pièce.
- Mon Dieu, dit soudain Béatrice.
- Quoi? s'étonna François.
- La boule du goï-goï.
- Oui...
- On l'a laissée sur le lit de ta sœur.
- Tant pis! Viens, il faut qu'on se sauve.
Ils suivirent la corniche en sens inverse, retrouvèrent la fenêtre du débarras et suivirent le couloir. Ils passèrent dans l'ascenseur. Le goï-goï se taisait, fort heureusement. Ils descendirent au rez-de-chaussée de l'hôpital. De là, ils retournèrent à leur aise à la maison.
Ils remercièrent le petit animal avec chaleur, puis le laissèrent partir vers la forêt.
Vers six heures du soir, ils se trouvaient ensemble au salon chez Béatrice. On sonna à la porte. La fillette se précipita pour aller ouvrir. Elle vit le papa de François.
- Bonsoir, Béatrice.
Il semblait très heureux.
- Bonsoir, monsieur. Comment va Olivia?
- Tout à fait guérie. Regarde, elle nous accompagne, assise près de sa maman dans la voiture.
François rejoignit son amie et apprit la bonne nouvelle à son tour.
- Quel bonheur! s'écria le grand frère.
- Les médecins de l'hôpital n'y comprennent rien, ajouta le papa. Trois minutes avant elle brûlait de fièvre et ils pensaient l'opérer, et quand ils sont revenus la chercher, elle était fraîche comme une rose et souriante. Elle va se reposer ce soir et cette nuit, et demain, François, tu pourras revenir à la maison.
- D'accord, papa, s'émut le garçon. Je peux aller l'embrasser?
- Bien sûr. D'ailleurs, elle a quelque chose à te donner.
Les deux enfants coururent près d'Olivia. La petite fille tenait une photo à la main. Elle la remit à son frère.
- De la part de Nele. Elle espère que nous irons bientôt nous promener tous ensemble.
C'était l'image de Nele et ses parents aperçue sur la table de nuit de la grande fille. Elle avait écrit quelque chose au dos.
«J'ai caché votre grosse noix vide au fond de la poubelle. Je vous embrasse. Nele.»
Au soir, au moment de se coucher, Béatrice et François ouvrirent la fenêtre de la chambre et regardèrent au loin vers la forêt. Puis, tous deux, d'une seule voix, crièrent bien fort.
- Goï-goï, merci. Olivia n'est plus malade.
Et de très loin venue du fond des bois, ils entendirent une voix amie et connue.
- Béatrice... goï-goï... Olivia... fini malaade... là... tais-toi... merci... silence...